Hugo Distler (1908-1942)
Totentanz, op. 12,2
Das ist je gewisslich wahr, op. 12,8
Fürwahr, er trug unsere Krankheit, op. 12,9

Christian Steyer, récitant
Christine Rothe, flûte Renaissance
Kammerchor Josquin Des Prés
Ludwig Böhme, direction

Le compositeur Hugo Distler (1908-1942) a traversé en comète la période troublée de la seconde guerre mondiale. Chrétien convaincu et refusant de participer à la boucherie nazie, il fut considéré comme déserteur et se suicida au gaz à trente-quatre ans. Mis à part quelques opus de musique instrumentale dont des pièces pour orgue, son œuvre est exclusivement chorale. Cette "Danse des Morts" (Totentanz) op. 12 datée de 1934, figure parmi ses chefs-d’œuvre. Distler s’inspire à la fois d’aphorismes tirés du fameux Pélerin Chérubinique du mystique Johannes Scheffler (L’Ange Silesius), d’une fresque peinte en l’église Sainte-Marie à Lübeck, enfin du recueil de motets "Deutsche Sprüche von Leben und Tod" du compositeur Leohnard Lechner né lui aussi à Nuremberg. Si Distler voit en Lechner un modèle compositionnel, son style d’écriture est profondément original : fortement mélismatique, ouvertement pentatonique ; il alterne récitatifs, psalmodie et un choeur à quatre voix. Les quatorze sections d’aphorismes comportent un dialogue entre la faucheuse et chaque victime (Enfant, vieillard, roi ou commerçant sont logés à la même enseigne). Distler fait intervenir également en guise d’interlude une comptine folklorique "Es is ein Schnitter... " accompagnée à la flûte. Il amalgame et synthétise ces différents empreints dans une œuvre méticuleusement composée, humble et émouvante dont le sens est contenu particulièrement dans le premier numéro : "Lass alles was du hast, auf dass du alles nehmst ! Veschmäh die welet, dass du sie tausendfasch bekommst ! Im Himmel ist der Tag im Abgrund ist die Nacht, Hier ist die Dämmerung..." ... et le dernier aphorisme: "Die Seele, weil sie ist geborn zur Ewigkeit, heit keine wahre Ruh in Dingen dieser Zeit, Drum ist’s verwunderlich, dass du die Welt so liebst, und aufs Vergängliche dich allzusehr begist". Bouleversant témoignage d’une exemplaire lucidité, de la foi absolue du compositeur. Deux beaux motets complètent l’album combinant polyphonie, rhétorique et densité harmonique dans un style assez voisin de Schütz. Prière et recueillement sont de mise dans l’interprétation du choeur et des deux récitants aussi convaincants qu’impliqués dirigés par Ludwig Böhme. A thésauriser dans la modeste discographie du maître de Nuremberg. (Jérôme Angouillant)

n 1934 Hugo Distler was just 26 years old when he started composing one of his most unconventional works ever, his motet Totentanz. The 14 aphorisms for Eternity Sunday are sung by the Kammerchor Josquin des Préz conducted by Ludwig Böhme. Christian Steyer, with his striking voice, lends a particularly impressive depth to the connecting dialogs between Death and his victims. Two further motets from the Geistliche Chormusik collection by Distler are also to be heard on the CD which, like the Totentanz, captivate with their innovative compositional technique which simultaneously harks back to the aesthetic of the 17th century.