Deux des plus exceptionnelles créations de Haendel, Ode à Sainte Cécile et Alexander’s Feast, dans l’interprétation magique de Peter Neumann, fidèle à la pratique de l’époque qui a amené le compositeur à combiner les deux œuvres en un seul et imposant oratorio avec récitatifs, aria et grands chœurs.  Impossible de séparer ces deux œuvres, bien que l’une ait été réellement écrite pour le 22 novembre, fête de sainte Cécile, en 1736, et que l’autre ait été prévue pour un concert de prestige la même année. Trois semaines seulement de composition, 1300 auditeurs, un succès immense. Alexandre le Grand fête sa victoire sur Darius roi des Perses, le chanteur Timothée célèbre Bacchus et les joies de la victoire, tandis qu’un chœur et des solistes déplorent – c’est un très beau moment musical – la mort de Darius. Entre le ténor, Virgil Hartinger, et le soprano Simone Kermes, on a son content de vocalises et d’appoggiatures, brodant sur le soutien ferme des chœurs de Cologne, qui se distinguent en outre dans la lamentation funèbre aux tonalités magnifiques sur un ostinato obsédant. Un regret : que la basse, colorature et profonde à la fois, Konstantin Wolff, n’ait qu’un air – original et superbe, avec cordes et orgue – à chanter, même s’il s’étend sur cinq minutes… Je lui aurais volontiers confié toute la partition ! (Danielle Porte)  En Angleterre aux 17ème et 18ème siècles, le 22 novembre célèbrait Sainte Cécile, sainte patronne de la musique, avec de nombreux spectacles musicaux. C'est ainsi que Haendel apporta sa contribution à cette coutume, avec Alexander’s Feast en 1736 et l'Ode for St. Cecilia’s Day en 1739 sur des textes du poète John Dryden. Pour cette dernière, Haendel prit certes exemple sur l'ode à Sainte Cécile de Purcell, mais il en fit presque un oratorio par l'ajout de recitatifs, arias et grands chœurs. Les deux œuvres furent très vite reconnues comme exceptionnelles, si bien qu'Haendel les combina en 1739, l'ode à Sainte Cécile constituant la troisième partie de Alexander’s Feast. Cette pratique fort intéressante, qui se maintint dans les années suivantes, fut peu à peu abandonnée au cours du 19ème siècle. Carus réunit aujourd'hui ces deux œuvres dans cet enregistrement avec Simone Kermes, le Kölner Kammerchor et le Collegium Cartusianum sous la direction de Peter Neumann.
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