Ferdinand Ries (1784-1838)
Grande Sonate pour violon et piano en fa mineur, op. 19
Sonate pour violon et piano n° 1 en ré majeur, op. 59
Sonate pour violon et piano n° 2 en si bémol majeur, op. 59

Robert Bachara, violon (Anonyme, Italie, 18e siècle)
Marek Toporowski, piano

Brilliants Classics aime recourir aux instruments anciens notamment au pianoforte. Le présent enregistrement répond à ce souci et s’inscrit dans le mouvement de transition qui fait évoluer le principe de la Sonate pour piano et violon, de Mozart à Schubert et Beethoven, lesquels privilégient un dialogue équilibré entre les deux instruments. Ries (1784-1838), créateur du 3e Concerto pour piano et orchestre de Beethoven, et d’ailleurs son secrétaire, fut également un prolifique compositeur à présent bien représenté au disque. La Sonate en Fa mineur op. 19 pour violon et piano présente des affinités évidentes avec la Sonate op. 13 "Pathétique" de Beethoven notamment par l’ostinato de son premier mouvement ainsi que son souci d’explorer toute l’étendue des six octaves de la reconstitution d’un piano de Krall & Seidler des années 1830, signée A. Wlodarczyk, tout en ménageant la parité entre le violon et le piano. En revanche, les deux Sonates de l’opus 59 ont la particularité d’être clairement identifiées par leur compositeur comme des sonates pour piano avec accompagnement de violon. La première, en Ré majeur, s’inspire des arpèges de la harpe, conformément à une préférence stylistique de Ries en offrant un second mouvement lyrique et s’achève sur un Rondo allegro plein d’humour haydnien. La seconde, en Si bémol majeur, ne comporte que deux mouvements, le Mesto intermédiaire servant d’introduction à un Rondo aux allures de carillon metallophone. Une fois que l’on s’habitue à une prise de son extrêmement proche, l’auditeur peut trouver des qualités d’expressivité historique au violon de Robert Bachara et au pianoforte de Marek Toporowski, rivalisant ainsi avec ceux d’Ariadne Daskalakis et Wolfgang Brunner (CPO 777676-2). Mais nous préférerons tout de même l’intégrale plus séduisante d’Eric Grossman et Susan Kagan sur piano moderne (Naxos 3 vol. 8.573193, 8.570796 et 8.573862). (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

Ferdinand Ries was without doubt one of the most prolific composers and most significant figures in the musical life of the early to mid-19th century. In our time, he is known above all as one of Beethoven’s few students, and though we cannot be sure that Beethoven ever uttered the famous sentence ‘He imitates me too much’, the towering figure of Beethoven certainly does cast its shadow over Ries’s wonderful oeuvre. Though it’s true that Ries’s musical language owes much to that of Beethoven, with the gift of hindsight we can now fully appreciate the originality of the Ries’s style. Although Ries did compose several oratorios and operas, today we see his music more as an important stage in the development of German absolute music, a key link in the progression from C.P.E. Bach, Haydn and Beethoven, through to Brahms and Bruckner. This disc contains three of Ferdinand Ries’s numerous sonatas of a type ‘with accompaniment’ (more or less obbligato; in some sonatas of this kind, however, it is even possible to omit the melodic instrument part). The idea behind this format was to ‘fill in’ the decay of the keyboard instrument’s tones with the sustained sound of a violin or wind instrument, thereby increasing the dynamic power of the music and highlighting its important moments. The Sonata in F minor Op.19 was composed in 1810 and is in many ways very Beethovenian. The two sonatas Op.59 are numbered by the composer himself among his piano sonatas, so we may consider them essentially piano sonatas with violin accompaniment.