Ernst Wilhelm Wolf (1735-1792)
Quatuor à cordes, op. 3 n° 1
Quatuor à cordes, op. 3 n° 2
Quatuor à cordes, op. 3 n° 3
Quartetto en do majeur
Quadro en ré mineur

Quatuor Pleyel Köln

Natif de la Thuringe, Ernst Wilhelm Wolf devint en 1768 maître de chapelle à la cour de Weimar où « Goethe qui ne l’estimait guère tenta de le faire congédier » (Marc Honegger, Dictionnaire de la musique, Bordas). Souvenons-nous que l’auteur des « Affinités électives » fut réfractaire à l’art de certains génies et réservons un accueil favorable à ce maître (petit ou non) dont les œuvres pour clavier et les symphonies déjà enregistrées exercent un attrait certain fondé sur le charme et l’originalité. La présence de ces deux qualités se manifeste à nouveau dans ses quatuors. Encore faut-il s’entendre sur la notion d’originalité qui relève chez Wolf d’une heureuse inspiration mélodique, d’une spirituelle exubérance dans la lignée des Benda, des fils Bach, et non de l’exploration réfléchie distinguant Haydn et Mozart. Les trois quatuors op. 3 de Wolf furent publiés trois ans après l’op. 33 du premier et la même année (1785) que les quatuors « dédiés à Haydn » du second. Sans atteindre leur subtile complexité parsemée d’innovations fulgurantes que l’intense travail thématique rend finalement limpide, les œuvres de Wolf recèlent maints tours ingénieux et attrayants dans l’écriture à quatre voix égales même lorsqu’elle recourt au principe concertant éludant l’effort contrapuntique. Ecoutons cohabiter l’imprégnation encore vive du goût latin privilégiant sensualité et virtuosité (le quatuor KV 80 de Mozart naquit dans la lumière de ce soleil couchant que fut Sammartini) et la saine promptitude à accueillir l’étrangeté, la véhémence et la mélancolie caractéristiques du Sturm und Drang dont l’emblématique sol mineur soulève l’op. 3 n° 3. Le sens dramatique des mouvements lents (dont un largo !) et l’art consommé de l’ensemble laissent espérer d’autres exhumations du catalogue de Wolf, valorisées bien sûr par une intégrité au moins égale à celle du Pleyel Quartett Köln. (Pascal Edeline)

After his Jena study years and short episodes in Leipzig and Naumburg, the twenty-five-year-old Wolf set out for Italy, not knowing that his travels soon thereafter would take him to Weimar, where he arrived just before New Year’s Day 1761. Weimar was the residence city of the Duchy of Saxe-Weimar-Eisenach, and this important center of German classical literature became Wolf’s professional destination. He developed into a central figure in Weimar’s music world during the second half of the eighteenth century. During his tenure the court orchestra officially founded in 1776 advanced to the status of an efficiently operating ensemble. Among the chamber genres for more than one instrument Wolf devoted himself most extensively to the string quartet or the quartet for four stringed instruments. At a time when Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, and others were making significant contributions to the modern string quartet, arising from the passing of the age of the strict thoroughbass, Wolf pursued his own paths. For him the features of an older generic type set the standard – and here we are referring to the Northern and Central German quadro, a trio sonata with an additional melody part in which three contrapuntally set upper voices oppose a bass foundation or a thoroughbass. The three quartets of the op. 3 series form the genuine high point in Wolf’s quartet oeuvre. His predilection for contrasts produced by his harmonies and melodies (chromaticism) and by his compositional techniques and the instruments lends these compositions their special appeal.