 Ce CD est le pur produit d'une mode qui sévit de plus en plus et qui au nom d'un universalisme mal compris, fabrique, sur la base d'œuvres existantes souvent empruntées au corpus médiéval (ici musique de l'École de Notre-Dame l) des artefacts syncrétiques mêlant occident et orient n'importe comment, au mépris total de l'histoire de la musique. Les œuvres sont de simples prétextes à la réalisation de performances sans aucun fondement musicologique : naissent ainsi d’improbables objets musicaux trahissant et déformant les traditions qu'ils prétendent honorer. Un verbiage confusionniste explique sur la pochette que tout est dans tout. Marie étant dans le Coran comme dans la Bible, la déesse Artémis originaire de l'Asie Mineure étant vénérée dans la Grèce antique, chantons les hymnes médiévaux dédiés à Marie en les accompagnant d'instruments orientaux, qui, c'est bien connu — sont pratiquement les mêmes que les instruments de l'Occident ! Le mélisme oriental se confond avec la mélopée comme si là encore tout s'équivalait. Eh bien non ! il y a mélisme et mélisme ! Nombre de musiques sont nées de la rencontre féconde entre des civilisations (l’arabo-andalouse par exemple), mais, l’on a ici un tout autre cas de figure. Où est le respect pour les différences en lesquelles réside la richesse de la culture ? La basse flatterie génère ici le mauvais goût. Antidote absolu à cette inconscience : pour le répertoire de l'École de N.D., le Hilliard Ensemble ! Et pour l'Orient, des formations authentiquement orientales. Cet ensemble ferait mieux de revendiquer autrement sa pratique, en revendiquant improvisation et invention, sans défigurer une œuvre médiévale existante. (Bertrand Abraham)  Three musicians met in 2014 in the Cologne Center for Early Music (ZAMUS) and decided to found an ensemble: SANSTIERCE – Maria Jonas, voice (Cologne), Dominik Schneider, flute and quinterna (Essen), and Bassem Hawar, djoze (Baghdad, meanwhile resident in Cologne). All three are renowned specialists in modal music. The two German musicians attempt to bring to life again the for the most part orally transmitted music of the Middle Ages, a music that was hardly ever written down, and the Iraqi’s desire is to prevent the Arabian music – with its center in Baghdad and roots in the Middle Ages – which up to now had been passed on from generation to generation, from ear to ear, from dying out. While even just a few years ago, western musicians traveled to Arabian countries in order to be close to the original, today one meets in Cologne, or Berlin, or Paris, or London. But no longer in Baghdad, in Iraq, Iran, in Syria.
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