Paul Badura-Skoda n’en finira certainement jamais de revenir à Schubert, et c’est tant mieux. Depuis quelques années, Genuin enregistre un nouveau cycle où le pianiste viennois joue des pianos modernes mais choisis. Le grand Bösendorfer impérial, sur lequel il ose la terrible Gastein Sonate - une gigantesque symphonie pour clavier qui est toujours un défi physique pour les pianistes quel que soit leur âge - est un monument de sons. Que les doigts de Paul Badura-Skoda ne s’y impriment plus avec la même fluidité qu’avant n’a que peu d’importance : la souplesse n’a jamais été son propos, l’éloquence sans fard, l’expression plutôt que le style (contrairement à ce que l’on a toujours écrit), l’ardeur quitte à sacrifier aux périls, oui. Ce qui nous vaut une Gastein d’un seul trait, jouée avec une familiarité et un aplomb évidents. C’est du piano domestique, Badura-Skoda joue pour lui quasiment chez lui, ce qui ne l’empêche pas de manier son clavier comme un orchestre, profitant des aigus de flûte et d’un médium d’alto. Pour les somptueux Klavierstücke D. 946, un des cahiers les plus visionnaires qui ait coulé de la plume de Schubert, enfiévrés comme le Quartettsatz, le pianiste joue cette fois un Steinway : clavier plus égal, couleurs plus unies, une pédale un peu capricieuse, mais cette rumeur, ce jeu sans apprêts vont comme un gant au triptyque. Pourtant, s’il l’avait enregistré sur le Bösendorfer ! (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Le pianiste Paul Badura-Skoda s'est affirmé tout au long de sa vie comme un spécialiste des grands classiques viennois qu'il joue aussi bien sur pianoforte que sur instrument moderne. Pour la rayonnante Sonate en ré majeur, il a choisi un Bösendorfer aux basses profondes. Mais la transparence de son jeu témoigne de sa fréquentation des pianos anciens. S'il ne faut pas attendre ici l'énergie rythmique d'un Clifford Curzon, Badura-Skoda surprend par l'infinie variété des couleurs qu'il tire de son instrument, particulièrement dans les pianissimi. Ses réflexions musicologiques le conduisent à adopter un tempo inhabituellement rapide dans le "mouvement lent" indiqué con moto. Son Schubert est héritier de Beethoven plus que précurseur des romantiques, la construction du discours prime sur les abandons lyriques. Le pianiste choisit de compléter le programme avec les trois Klavierstücke qu'il avait enregistrées un an auparavant sur pianoforte. Là encore, il creuse les couleurs et choisit de ne pas s'éloigner du classicisme (certains préfèreront davantage de dramatisme dans la deuxième pièce). Sous ses doigts, la fin sonne comme une danse triomphale, à la gloire de la musique viennoise. (Thomas Herreng) The great Schubert interpreter and grand seigneur of the piano releases his 13th GENUIN CD – Paul Badura-Skoda interprets music by Schubert, his words and playing leading us into the Vienna composer’s Janus-faced worlds like no one else. The program includes the Sonata in D major, D. 850 and the three late Klavierstücke (piano pieces), D. 946. The play of light and shadow, overarching musical phrases, and time standing still – all of these can be found in Schubert’s music and Paul Badura-Skoda’s piano playing. Great art performed by a master.
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