Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788)
Divertimento en sol pour clarinette, violon, alto et violoncelle, H 642
Sonate pour piano, clarinette et violoncelle, Wq 92, H 516
Sonate pour piano, clarinette et violoncelle, Wq 92, H 517
Sonate pour piano, clarinette et violoncelle, Wq 92, H 518
Sonate pour piano, clarinette et violoncelle, Wq 92, H 519
Sonate pour piano, clarinette et violoncelle, Wq 92, H 520
Sonate pour piano, clarinette et violoncelle, Wq 92, H 521
Sonate pour violon en sol mineur, H 542.5
Duo pour 2 clarinette en do, H 636
Quatuor en la mineur pour piano, clarinette, alto et violoncelle, Wq 93, H 537

Lugi Magsitrelli, clarinette
Italian Classical Consort (Instruments d'époque)

Pourquoi et comment consacrer tout un enregistrement à cette clarinette si peu présente dans l’Œuvre de C.P.E. Bach ? Dans le dernier tiers du dix-huitième siècle, son intégration définitive à l’orchestre et son apparition de plus en plus régulière dans la musique de chambre déterminèrent l’avenir d’un instrument dont la facture n’en était encore qu’à ses balbutiements. Cette ère de transition dont le passage du clavecin au pianoforte donne une représentation certes encore plus frappante coïncide avec l’ultime période créatrice du Bach de Berlin devenu Bach de Hambourg en 1768. Or ce sont Mannheim et Paris qui jouèrent les rôles principaux dans l’affirmation de la clarinette, puis Vienne où Mozart composa le Trio « des quilles » en 1786 et, un an après la mort de C.P.E. Bach, le premier chef d’œuvre magnifiant l’instrument, le Quintette KV 581. Même si l’on ignore tout de la problématique d’attribution du divertimento H642 - Carl Philipp Emanuel ou Johann Christian ? - c’est ce dernier qui vient spontanément à l’esprit dès la première audition. Les Six Sonates « en trio » Wq92 exerçant sans ambiguïté leur charme « galant » prouvent néanmoins que l’éloignement stylistique entre les deux compositeurs pouvait occasionnellement se réduire de façon étonnante. L’œuvre essentielle où l’on retrouve la profondeur et l’originalité distinguant C.P.E. Bach de ses contemporains est bien sûr l’un des trois quatuors composés durant la dernière année (1788) et dont la partie de flûte est ici confiée à la clarinette. Trahis par de fréquents problèmes de justesse et dépourvus du caractère vivant nécessaire à l’unité transcendante, les louables efforts d’idiomatisme de nos musiciens ne sauraient menacer la suprématie des versions de Koopman (Philips), Hogwood (L’Oiseau-Lyre) et Staier (DHM). La présence d’une pièce ne sollicitant pas la clarinette, la sonate pour flûte et clavecin (paternité justifiant le BWV 1020 très contestée) jouée ici au violon et au pianoforte, peut éventuellement évoquer l’entracte permettant au clarinettiste de souffler un peu… hors de l’instrument. Les timbres sont un peu verts, les phrasés parfois un peu courts, mais, abstraction faite de l’exigeant Quatuor Wq93 (quel dommage !), la fluidité, la fraîcheur et la spontanéité ne manquent pas d’attrait. (Pascal Edeline)

The ever-expanding catalogue of Carl Philipp Emmanuel Bach on Brilliant Classics (most of it contained in a 30 CD box, BC94640), now reaches his music for clarinet, which has received much less attention on record than his orchestral or keyboard works but is no less melodically fertile and formally inventive than his better-known music. The clarinet was in its infancy when Bach began to write for it, late in life, having left his position in Berlin as court composer to Frederick the Great, and taken over the directorship of the five principal churches in Hamburg after the death of his godfather, Georg Philipp Telemann (who, as ever, got there first when it came to exploring the potential of new instruments, with various works including a lovely and doleful duet-concerto for two clarinets in D minor). Sometime after his move to Hamburg, Bach created six single movement sonatas for clarinet, bassoon and fortepiano (H516-21, Wq 91/1-6) of which the keyboard parts are recycled from earlier works, as are several other pieces here, including music which he had originally composed for flute, perhaps for Frederick to play. The Quartet in A minor (H537, Wq93), however, certainly dates from early 1788, originally written for flute (or, as here, clarinet), violin and treble and bass keyboard lines: thus a trio in practice. The two clarinet duets here are the shortest works on the disc, yet not the least affecting, within the harmonically searching idiom, dubbed Empfindsamkeit, of which Bach became the most noted practitioner, exciting the admiration and imitation of Mozart, Beethoven and countless others who came after him.