Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Trio pour piano n° 1 en do mineur, op. 8
Trio pour piano n° 2 en mi mineur, op. 67
Sonate pour violon et piano, op. 134

Ilya Gringolts, violon
Daniel Haefliger, violoncelle
Gilles Vonsattel, piano

Voilà bien du grand et du très : non seulement le programme enchaîne trois pièces d'une façon tout à fait logique chronologiquement et esthétiquement parlant ; mais en plus les trois artistes maîtrisent remarquablement leur sujet. Toutes les ambiances et tous les sentiments incroyables écrits par Chostakovitch dans ces pièces dont le "trio n°2" et la "sonate pour violon", pièces majeures dans l'histoire de la musique de chambre, sont restitués avec une justesse de ton qui émeut et ne lâche plus. Une expressivité extrême, une violence inouïe, un carambolage de notes et de rythmes, une douche froide de sonorités âcres, des coups de butoirs dans des moments aux nuances au bord de l'explosion font un miroir aux tableaux glacés, aux vides abyssaux, aux angoisses du néant et de la mort joués sur le fil des cordes. Des musiciens combattants qui luttent autant pour leur survie dans ce cauchemar entre la vie et la mort marque l'esprit. On ne peut résister à citer les mots du compositeur rapporté par le violoncelliste du groupe, Daniel Haefliger : « Si vous jouez bien ma musique, les mouches doivent tomber mortes. » On y est. (Nicolas Mesnier-Nature)

This music draws incredible strength from the violent intersection of an overpowering will to live and the inevitability of death. First comes hope, tenderness, magical and miraculous flights. Followed by sarcasm, irony, revolt. And finally nostalgia, sluggishness, despair, and the hopeless aspect of an opaque hereafter with no return. As Shostakovich himself said, « If you play my music well, flies should drop dead. » The despair that grows ceaselessly throughout his work can become unbearable – it must be experienced in concert. Extreme situations can open paths to understanding and revelation. Here, they can be summarized by the following paradox: nowhere have I encountered anyone speak to me about death in such a bracing, powerful and vibrant way.