Un enregistrement en première mondiale, l’opéra choral Boyarina Morozova de Rodio Shchedrin, dont le label Wergo rend hommage à travers une importante série de parutions initiée en 2007, à l’occasion du 75ème anniversaire du compositeur russe. Cette œuvre, sur un livret de Shchedrin-même, met en lumière la rupture de l’église orthodoxe russe qui a débuté au XVIIème siècle, un conflit religieux dont les effets se font encore ressentir de nos jours.  Rodion Schédrine a achevé en 2006 Boyarina Morozova, grand sujet de préoccupation de sa vie de compositeur. Il s’agit d’un opéra-choral sur des chants et textes orthodoxes russes. Il expose les divisions théoriques qui apparurent durant le XVIIe siècle au sein de l’Eglise orhodoxe de Russie, à la suite d’une volonté de réforme par le tsar des pratiques religieuses vieilles de quelques siècles. Les confrontations entre le nouveau courant d’idées et l’ancienne Eglise orthodoxe conduisirent à l’un des épisodes les plus importants, et en même temps, les plus tragiques de l’histoire russe. L’œuvre de Rodion Schédrine tisse un récit autour d’une partisane célèbre des vieux rites orthodoxes, la Boyarina Morozova (1632-1675), par ailleurs personnalité émérite et très fortunée de son époque. Elle accueillait souvent les adhérents de la vieille Eglise orthodoxe dans sa résidence, et fut arrêtée, et trainée comme misérable jusqu’à Borovsk. Rodion Schédrine eut de grandes difficultés à mettre en forme son projet, et dès lors qu’il eut pris conscience que la figure de la Boyarina devait devenir le centre de son opéra, la créativité permanente, l’imagination et la force expressive de son écriture purent jaillir rapidement : le compositeur trouva en Morozova un personnage à la dimension tragique jusqu’à alors insoupçonnée. De cet opéra en deux actes et treize scènes, qui insiste en réalité sur toute la fin de la vie de la Boyarina, les interprètes de la première du 30 octobre 2006 à Moscou en donnent une interprétation magnifique, très engagée, d’une perfection instrumentale comme vocale impressionnantes. L’ouvrage de Schédrine est une œuvre passionnante et expresive, malgré ses atours classiques. A découvrir. (Pierre-Yves Lascar)  Né en 1932 dans une famille de musiciens, il étudie le piano avec Yakov Flier et la composition avec Yuri Shaporin au Conservatoire de Moscou où il obtient son diplôme en 1955. Très vite, son 1er concerto pour piano, une œuvre imprégnée de l’esthétique néoromantique de l’époque, l’impose. Pianiste virtuose, il interprète lui-même ses cinq concertos pour piano, ses sonates et 24 Préludes et fugues pour piano. N’ayant jamais accepté d’être un membre du parti communiste, c’est à partir de la chute du régime qu’il participe à la vie musicale internationale, donnant des concerts dans le monde entier. Il partage désormais sa vie entre Munich et Moscou avec la célèbre ballerine du Bolchoï, Maya Plisetskaya, son épouse qu’il rencontre lors de la création de son premier ballet, «Le Petit Cheval Bossu», basé sur un conte populaire. Le comique et la satire étant une constante dans la musique russe, son goût pour l’humour se manifeste dans la plupart de ses œuvres, restant fidèle à la tradition de Prokofiev et de Chostakovitch. Dans son opéra Les Âmes mortes - d’après Gogol - et dans son ballet «Anna Karénine» d’après Tolstoï, des œuvres jouées au Bolchoï, il introduit les classiques de la littérature dans la musique de théâtre. Rodion Shchedrin est titulaire de nombreux prix dont le Prix de la Russie en 1992 décerné par Boris Eltsine et le Prix Chostakovitch en 1993. Depuis 1989, il est membre de l’Académie des Arts de Berlin.

|