 Si l’art de Charles Munch a été amplement documenté au disque (notamment par l’intégrale de ses enregistrements studio américains chez SONY/RCA), les témoignages du chef alsacien en concert sont plus rares, et la parution de ce double CD ne peut que piquer notre curiosité. Dénonçons d’abord l’absence de livret et donc d’informations sur les œuvres, les interprètes et les circonstances des concerts dont on ne nous donne que les dates. Tromperie également sur la « stéréo » annoncée pour les deux disques, encore plus sur la mention « Digital remastering » ! Pourtant à l’exception de la 5ème symphonie de Beethoven, les trois autres œuvres ne font pas partie de la discographie officielle de Charles Munch. On commence par le Requiem allemand, capté le 19 juillet 1958 (mais on ne nous dit ni où ni comment), et le résultat sonore est tout simplement catastrophique. Un très mauvais enregistrement d’une diffusion radio en mono étriquée, le plus souvent saturée. A fuir malgré la présence du soprano lumineux de Hilde Gueden. Pour admirer Munch dans le chef d’œuvre de Brahms on repassera ! La captation (9 octobre 1959) de la symphonie n°100 de Haydn est un peu meilleure, mais toujours en mono – alors qu’à la même époque, à Boston, on enregistrait les concerts de Pierre Monteux dans une superbe stéréo – Pas d’étincelles particulières dans ce Haydn bien classique. Il faut attendre la 5ème de Beethoven, donnée le 31 janvier 1960, pour avoir un son meilleur, une stéréo timide, mais surtout Charles Munch dans ses œuvres, puissant, éloquent (majestueux finale). La véritable rareté de ce double album, c’est une 7ème symphonie de Sibelius, qu’on n’imaginait pas figurer au répertoire du chef français. Une approche intensément lyrique, aux tempi parfois surprenants, dans cette œuvre d’un seul tenant, Charles Munch met 27 minutes à conduire un récit que d’autres achèvent en 22 minutes ! Un double album qui ne rend qu’imparfaitement justice, la faute à l’indigence de cette publication, à l’art d’un chef qui pouvait déchaîner des orages en concert. (Jean-Pierre Rousseau)  One of the most legendary conductors of the twentieth century, Charles Munch (1891-1968) was, with Pierre Monteux, certainly the greatest French conductor, as well as a hero of the French Resistance to Nazism, for which he received the Legion of Honor. After a long activity in France, during which he performed important premieres of the works of Honegger, Roger- Ducasse, Ropartz, Roussel, and Schmitt, in 1946. Munch then moved to the United States, becoming an American citizen and reaching the apex with the conduction of the Boston Symphony Orchestra, with which he recorded a large number of performances, especially symphonis, published by RCA. These 2 CDs represent an important document of some live concert versions of his American activity and are completely unpublished. The sound quality is excellent.
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