Mal aimé de la littérature chambriste du romantisme franco-belge, le grand Quatuor cyclique écrit par César Franck l’année de ses soixante-neuf ans est pourtant l’un de ses opus majeurs, à l’égal de la Symphonie dont bien des pages le rapprochent. Impossible de ne pas lui donner une place comparable à celle du Quatuor de Fauré. Las, le disque n’avait jusque là pas réussi à en saisir l’esprit aventureux, les beautés secrètes. C’est qu’il y faut quatre archets suprasensibles, et un quatuor qui sache aussi penser la grande forme. Avec un gout certain, une palette dynamique stupéfiante (notamment les pianissimos «entre chiens et loups »), les Danel en délivrent aussi bien la lyrique si poétique que les élans symphoniques. Merveille, qu’une prise de son parfaite rend éclairante, pour le texte comme le projet des interprètes. Coup double, car le Quintette, bien plus couru au disque, atteint aux mêmes sommets d’inspiration. Secret d’une vision aussi aboutie : deux mondes s’y assemblent, le piano mystérieux, aux sonorités d’orgue, de Paavali Jumpanen, musicien visiblement inspiré par l’œuvre (comme il le fut pour le label Ondine au long d’une intégrale des Sonates de Beethoven passée inaperçue), et les cordes des Danel, célébrant un mystère, déployant des paysages. Admirable album cadeau d’anniversaire en cette année du bicentenaire. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Le quatuor à cordes de Franck est une œuvre admirée mais assez peu jouée, restée hors du répertoire de bien des quatuors. Elle valut pourtant à son auteur un succès bien mérité. Les Danel en livrent une version qui fera date. L'équilibre entre les quatre musiciens est admirable, leur compréhension de la partition exemplaire. Dès l'introduction du premier mouvement, comme un Prélude d'orgue qui fait alterner le jeu fortissimo et les passages pianissimo, leur inteprétaton s'impose comme une des meilleures. Et tout par la suite confirme cette première impression : l'élan de l'allegro, le scherzo tout en sourdine qu'on dirait sorti de la plume de Schumann, comme un brouillard traversé de brusques flashes. Le larghetto déploie une longue phrase mélodique dont Franck avait le secret avant de laisser place à un final énergique. Quelques années avant son Quatuor, Franck écrivait un Quintette au ton singulièrement passionné. Les interprètes l'ont bien compris ainsi, qui se font plus fiévreux, plus impatients mais toujours avec cette attention aux détails de l’œuvre qui distingue leur lecture. Ils concluent par un final emporté con fuoco. On saluera la prise de son qui rend lisible l'écriture pourtant dense de Franck. Un disque à ne pas manquer (Thomas Herreng) In their performances of the complete Weinberg string quartets »the Belgian Quatuor Danel again probes the pieces with fiery intensity and again makes these interpretations a very gripping experience.« The gifted Belgian musicians now turn to two masterpieces by César Franck: his passionate Piano Quintet and the String Quartet. The three-movement Quintet, like Brahms’s op. 34 an expansion of the Schumannian model, is a veritable musical volcano of such great fame that we need hardly pause to analyze it here. It immediately established itself, and a second performance with the pianist Marie Poitevin, the later dedicatee of the Prélude, Choral et Fugue, convinced the members of the Société Nationale. Thereafter famous quartet formations from France and Belgium saw to the dissemination of the work. Franck’s String Quartet, his last major work, was similarly acclaimed by its first listeners. After its first performance in April 1890, with tears in his eyes, César Franck is said to have told his pupil Vincent d’Indy, »Now you see: at long last the public is beginning to understand me.«
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