 L’occasion du bicentenaire de la naissance du Pater Seraphicus est prétexte à la publication d’innombrables documents, biographies, enregistrements d’œuvres variées, souvent exhumées de l’oubli, avec ce que celui-ci peut comporter d’injustice ou de justesse. Parmi ces témoignages, le coffret de trois CDs ici chroniqué offre non une véritable intégrale de l’œuvre pour piano solo et pour piano et orchestre du Père Franck, mais se caractérise par une présentation strictement chronologique de la plupart de ces œuvres. Il y manque effectivement entre autres les deux séries de Variations brillantes, l’étourdissant Deuxième Grand Concerto en si mineur op. 11 de 1834, que Florian Noack a récemment enregistrées pour Fuga Libera (FUG 791), naguère illustrées également par Jean-Claude Vanden Eyden et Edgar Doneux (Koch Schwann 311-111) et que Michael Ponti avait brillamment ressorti momentanément des rayons poussiéreux de sa bibliothèque des raretés avec Michael Tilson-Thomas et le Philharmoniquede Radio-France à Paris ou Johannes Winckler à Cologne. Il y manque également les Transcriptions de Quatre Lieder de Schubert, la Fantaisie sur deux airs populaires polonais, les Souvenirs d’Aix-la-Chapelle qu’avait enregistrés Julia Severus (Naxos 8.572901), les cinq séries de Fantaisies op. 11, 12, 14, 15, 19 qu’avait offertes Francesco Bertoldi (Dynamic CDS 95), ou les œuvres pour deux pianos ou piano à quatre mains présentées par Daniel Blumenthal et Jacob Bogaart (Koch Schwann 3-1377-2). Reste que le conséquent ensemble proposé par Patrick Dheur permet de retrouver entre autres raretés la Grande Sonate de 1835, l’Églogue de 1842, l’intégralité du recueil des Seize petites pièces pour harmonium composées entre 1858 et 1863, et diverses autres petites pièces de salon. Depuis Blanche Selva et Alfred Cortot, la discographie des grandes œuvres pour piano de Franck, autour de Prélude, Choral et Fugue (1884), Prélude, fugue et variation (1868), Prélude, aria et finale (1886) est pléthorique et de qualité : Arthur Rubinstein, Witold Malcuzinski, Shura Cherkassky, Jörg Demus, Aldo Ciccolini, Pierre Barbizet, Pascal Devoyon, Josep Colom, Inger Södergren, Ashley Wass, Stephen Hough, Nikolaï Luganski, Sodi Braide et d’autres encore l’ont éloquemment marquée, difficile dans ces conditions de se frayer une place d’honneur parmi tous les prétendants. Avec modestie, mais aussi un amour incontestable de l’œuvre de César Franck, Patric Dheur, pianiste conférencier tel qu’il se présente, commissaire pour la ville de Liège du bicentenaire du Pater Seraphicus, nous offre ici une anthologie sérieusement composée et très soigneusement interprétée qui mérite d’être écoutée pour la représentation qu’elle donne d’un œuvre pianistique trop rapidement résumé par les trois tryptiques précédemment évoqués, et pour ce qu’elle est en termes d’accomplissement pianistique soutenu, à l’occasion, par le bel ensemble de l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie que dirige Roger Rossel. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  The pieces which are comprised in the present collection give a virtually complete idea of Franck’s quality as a piano composer. We have selected from his early works only those which seemed to us to indicate most faithfully that somewhat neglected period in his life, laying aside those which were of slight interest, we have included all the piano compositions of his later years. From the early works we have chosen the Grande Sonate op 10 (unpublished) written at the age of thirteen years, the Eglogue (1842), the Grand Caprice (1843), the Ballade (1844) and Trois petits riens (1846) (unpublished) preceding them with César Franck’s three first efforts in composition. The mature style of the master is shown in his four most important piano works, the Prelude, Chorale and Fugue (1884), Les Djinns for piano and orchestra (1884), Variations symphoniques for piano and orchestra (1885), the Prelude, Aria and Finale (1886), and also in two short pieces, Plaintes d’une poupée (1865) and Danse lente (1885),written for special occasions. Though the latter are simple in style and technique, they show none the less the unmistakable stamp of Franckian melody.

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