 Infortuné Carl Reinecke ! Longtemps le disque aura offert d’entre de son abondant catalogue le seul Concerto pour harpe, ouvrage mineur certes, mais qui suffisait à dévoiler un compositeur de première force. La situation s’est depuis rétablie, le replaçant grâce à pas mal d’enregistrements face à Schumann et à Mendelssohn. Les deux admirables Trios qui forment le socle de ce double album prouvent que son art ne pallierait pas même face à celui de Brahms, le Deuxième Trio surtout, dont l’Andante émerveille dans le jeu si équilibré des Hyperion. Maitrise de la forme, sens inné de la mélodie, surtout une aptitude à suggérer les atmosphères dont s’empare son écriture si lyrique. Mais il ne faudra pas pour autant négliger le Premier Trio, plus sombre, plus schumanien, conclu par un final quasi orchestral. Quel contraste avec les pièces de fantaisie rassemblées au long des deux Sérénades ! La première commence par un ténébreux Adagio, quasi sinistre, mais fera aussi entendre un fandango de salon, alors que la Seconde renferme une Humoreske schumanienne avant de se conclure par un surprenant Andante à variations. L’ajout du Triple Concerto de Beethoven réduit pour le trio avec piano est une curiosité qui prouve la maitrise du compositeur. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Sa longévité et son énorme fécondité (près de trois cents opus) ont nui à Reinecke. Son premier trio (1851) le place dans la lignée de Mendelssohn qui l’introduisit au Gewandhaus de Leipzig dont il fut directeur de 1860 à 1895 et de Schumann ; c’est une belle page qui mérite la redécouverte. En 1873, Reinecke écrivit ses deux sérénades opus 126, des trios miniatures (chacun dure un quart d’heure) où le goût du pittoresque l’emporte, au prix d’un amaigrissement de la substance musicale ; les mouvements comprennent des morceaux de genre comme un fandango et une humoreske, petites pochades agréables mais insignifiantes. Enfin le dernier trio, l’opus 230 de 1895 illustre ce que ses contemporains reprochaient déjà à Reinecke âgé. Son style n’a pas évolué depuis ses débuts et demeure d’un romantisme déjà pâli en cette fin du XIX° siècle où de nombreux compositeurs s’approchent des frontières de la tonalité. Reinecke paiera son académisme par un renvoi assez outrageant du Gewandhaus. En complément, une transcription du triple concerto de Beethoven pour le seul trio avec piano gomme maladroitement les contrastes entre le trio et l’orchestre qui font le prix de l’original. Un double album intéressant mais qui ne modifie pas la perception que l’on peut avoir d’un musicien pédagogue réputé mais compositeur mineur. (Richard Wander) The Hyperion Trio, founded in 1999, has earned an outstanding international reputation over the past two decades, during which it has performed more than 250 works, including a number of world premieres, in its concert programs and independently designed concert cycles – always with the same three original members! On its latest double CD the trio turns to works for piano trio by Carl Reinecke transmitted to us for all the phases of this composer’s life, from his beginnings to his old age. Although closeness to Schumann can clearly be heard in the early Piano Trio op. 38 of 1853, it is in every way a thoroughly independent composition both melodically and harmonically and was an important milestone for the succeeding generation of composers. In his two Serenades op. 126, composed twenty years after the first piano trio, great ambition is in evidence, despite the light tone of these works: the texture is more relaxed than it was in the first piano trio, and the thematic material – or, more precisely, the motivic material – is concise and forms the core for rich elaboration. The Piano Trio No. 2 op. 230, composed twenty years after the two serenades and no fewer than forty-two years after the first piano trio, places considerable demands on the interpreter, not only in the composition’s structural and motivic aspects but also purely technically in the field of precision ensemble playing. The beautiful harmonic features of the work are enormous, and the tight contrapuntal structure reveals a composer most highly schooled in convention as well as powers of musical invention and ambition beyond the reach of a good many of his younger contemporaries. The original conclusion is formed by Reinecke’s Piano Trio Version of Beethoven’s Triple Concerto op. 56. While his arrangement preserves the orchestral breadth, it simultaneously brings out the chamber components of the original work.
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