Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour violoncelle et piano n° 1 en mi mineur, op. 38
Sonate pour violoncelle et piano n° 2 en fa majeur, op. 99
Sonate pour clarinette et piano n° 2 en mi bémol majeur, op. 120 (trans. pour violoncelle de M. Tarasova)

Marina Tarasova, violoncelle
Ivan Sokolov, piano

Marina Tarasova est une très brillante violoncelliste faisant preuve d’un bel engagement musical qu’elle tente de communiquer à son partenaire Ivan Sokolov. Face à une discographie pléthorique qui n’est pas à leur avantage, ils donnent ici une interprétation solide mais prosaïque des sonates de Brahms. Leur vision principalement axée sur une technique démonstrative s’embourbe rapidement et devient vite épuisante à son écoute. Cet enregistrement manque cruellement d’abandon et d’introspection comme l’exige la musique d’un Brahms déjà mature et même âgé. On ne ressent quasiment jamais cette mélancolie brahmsienne chargée d’ombres et de mystères de cet homme du nord de l’Allemagne, à la fois bougon et tendre. L’adaptation au violoncelle de la seconde sonate pour clarinette et piano n’apporte rien à l’œuvre. Brahms avait logiquement prévu le remplacement de la clarinette par l’alto du fait de leur tessiture commune, mais le registre trop grave du violoncelle déroute et n’améliore en rien le discours. Il le dessert même, surtout dans l’allegro appassionato, qui en devient pesant et étouffant car souvent le timbre des deux instruments se confond créant une confusion sonore malvenue. (Jean-Noël Regnier)