Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Toccata en fa dièse mineur, BWV910
Toccata en do mineur, BWV911
Toccata en ré majeur, BWV912
Toccata en ré mineur, BWV913
Toccata en mi mineur, BWV914
Toccata en sol mineur, BWV915
Toccata en sol majeur, BWV 916

Wolfgang Rübsam, luth-clavecin

Rarement joué de nos jours, le clavecin-luth, est un instrument à clavier unique sur lequel les cordes en boyau de 8 pieds sont pincées par deux plectres distants de quelques centimètres ; s'y ajoute un jeu de 4 pieds fait de cordes en cuivre dont la vibration est sympathique. Il émet des sonorités claires dénuées du scintillement propre aux clavecins que nous écoutons habituellement et possède une qualité de chant que le facteur de celui entendu ici, Wolfgang Hill, compare aux propriétés de la viole d'amour En 1750, il y en avait deux au domicile de J.S. Bach. Dont l'un construit selon les données qu'il avait lui-même fournies au facteur Hildebrant. Ces caractéristiques procurent aux sept Toccatas, et trois autres pièces (un Prélude et fugue, un Largo, une Fugue) qui figurent sur ce CD, une présence et un relief étonnants. L'élocution ordonnée de Wolfgang Rübsam, concertiste international qui enseigna l'orgue dans plusieurs universités des USA et à Saarbrück et a signé de nombreux enregistrements, notamment d'oeuvres de Bach, rend particulièrement lisible les entrelacs de la polyphonie de ces pièces, moins familières que leurs consoeurs dédiées à l'orgue. On a plaisir à suivre ces développements réglés et réguliers par une admirable maîtrise tout au long de leurs trajets mélodiques et harmoniques. Comme si le compositeur cherchait à dessiner des figures de l'ordre et de l'harmonie du monde. (Alain Letrun)

In contrast to the Well-Tempered Clavier, which remained omnipresent in general musical and cultural consciousness after J.S. Bach's death, and the Goldberg Variations, adorned in the 20th century with an almost mystical aura, Bach’s seven keyboard toccatas have been unjustly relegated to the shadows. Composed between about 1707 and 1713, the Toccatas contain stylus phantasticus elements of the North German organ baroque and are a delightful mixture of virtuoso, recitative, arioso, concertante, imitative and fugal sections, entirely in the original musical sense of the word toccare. This recording also features Bach's Prelude and Fugue in A minor BWV894, probably written during his Weimar phase. The title Prelude is perhaps a little misleading, since it is actually a concerto-like movement, and the fugue is also more like a gigue riding out on a ceaseless par force hunt. Bach ingeniously reshaped the work into his Triple Concerto BWV1044 during his Leipzig period, interpolating a second movement taken from the Trio Sonata for Organ in D minor BWV527. Wolfgang Rübsam came up with the original idea for this recording of transferring the middle movement of BWV1044, lifted by Bach from BWV527, to the equivalent position between the original Prelude and Fugue movements of BWV894. Bach demonstrably owned at least two lute-harpsichords, listed in his estate catalogue of 1750. Rübsam’s decision to record all these works on such an instrument has proved extremely fortuitous, especially with regard to the toccatas. The poetic tone of Keith Hill's instrument – sonorous and noble in the lower registers, brilliant in the higher registers – forms an almost perfect synthesis with Rübsam’s imaginative playing.