Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate en mi bémol majeur, BWV 525 (arr. pour guitare de E. Fisk et A. Fuller)
Sonate en do mineur, BWV 526 (arr. pour guitare de E. Fisk et A. Fuller)
Sonate en ré mineur, BWV 527 (arr. pour guitare de E. Fisk et A. Fuller)
Sonate en mi mineur, BWV 528 (arr. pour guitare de E. Fisk et A. Fuller)
Sonate en do majeur, BWV 529 (arr. pour guitare de E. Fisk et A. Fuller)
Sonate en sol majeur, BWV 530 (arr. pour guitare de E. Fisk et A. Fuller)

Eliot Fisk, guitare
Albert Fuller, clavecin

Par ses couleurs et son orientation, une transcription est en soi un voyage. Lorsqu’elle est officialisée par une interprétation valorisante, nous pouvons le temps d’une écoute oublier l’histoire de la musique en nous abandonnant aux fantaisies de l’imagination : « A l’aurore du siècle, conscient des conditions peu reluisantes offertes par la plupart des cours ou chapelles allemandes puis interpellé par la détermination d’un jeune musicien saxon à fuir son univers jugé provincial pour gagner l’Italie, un autre jeune musicien saxon se décide à lui emboîter le pas. » Le fruit des nouvelles rencontres et impressions eût sans doute abouti à une évolution esthétique différente de celle qui découla de la seule découverte à Weimar des partitions de Vivaldi et de Marcello. La scène est trop belle pour ne pas l’entendre dans cet enregistrement : Bach en dialogue musical avec Scarlatti (une fois passée la formalité publique de la joute), avec tout le charme des rencontres uniques et précieuses. Alternant éventuellement leurs rôles de claveciniste et de guitariste, les deux hommes se livrent alors aux délices des possibilités inépuisables de sonorités, de phrasés, de distribution des voix. Outre ce relief redécouvert parce que réinventé, le passage de l’orgue aux cordes pincées étonne l’auditeur d’aujourd’hui par la métamorphose de ton, de climat. Celle-ci serait alors une très symbolique incarnation sonore du dépaysement provoqué par le trajet et le rapprochement italo-germanique, la sensualité latine dissipant la rugosité nordique. Un beau voyage, certes, mais que seul un enregistrement magnifique pouvait permettre. (Pascal Edeline)