 Joshua Rifkin le premier imposa le concept du un par partie. Révolution, on était à la fin des années 1980, Bach serait débarrassé, croyait-il ad aeternam, des masses chorales dans lesquelles le romantisme l’avait engoncé. L’idée fit son chemin jusqu’à Sigiswald kuijken qui l’expérimenta d’abord sur un choix de cantates avant d’aborder les quatre grandes partitions spirituelles qu’il enregistra à l’orée du XXIe Siècle. En Hollande et en Flandres, ces gravures firent grand bruit, moins en France sans que je m’en sois jamais expliquer la raison. Challenge Classics a bien fait des les regrouper dans ce coffret utile qui permet de les entendre ensemble et de prendre la mesure d’une relecture qui sait éviter les pièges de la rhétorique. Muni d’une belle équipe de chanteurs – un seul exemple, écoutez Jan van der Crabben dans l’Oratorio de Noël – assemblant un petit orchestre virtuose ou l’on remarque Benjamin Alard à l’orgue, Sigiswald Kuijken va sans effet au cœur spirituel de chaque œuvre, y fait entrer une lumière rédemptrice qui flamboie la Messe en si, mais trouve aussi le ton si subtil de la Saint Matthieu comme l’espressivo de la Saint Jean. Si vous voulez entendre ces quatre chefs-d’œuvre dans leur essence, n’allez pas ailleurs, cela demande un effort, se départir de tant d’écoutes plus chargées, pour le nombre comme pour les intentions, mais cette poésie, cette élévation dans la simplicité, cette solaire évidence sont incomparables. Et maintenant que Challenge nous rende l’autre monument Bach qu’il aura patiemment élevé : l’Intégrale des Cantates magnifiée par Ton Koopman, je crois bien la plus belle avec celle de Gustav Leonhardt et Nikolaus Harnoncourt. Qu’elle soit indisponible est simplement impensable. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) C'est là une somme d’œuvres sacrées de Bach (Les deux passions, la Messe en si et l'Oratorio de Noël) publiée à l'occasion qui rappelle que Sigiswald Kujiken et sa Petite Bande qui fête ses cinquante années d'existence, furent parmi ses plus grands interprètes dans l'histoire du disque, au même titre qu'un Leonhardt un Harnoncourt un Suzuki ou un Koopman. Eux aussi architectes de l'édifice des cantates, colossale entreprise qui constitue l’Everest de ces chefs voués corps et âme à explorer l’œuvre du Cantor. Depuis son premier opus enregistré en 1972, "Le Bourgeois Gentilhomme" de Lully sous la direction de Gustav Leonhardt pour le label Harmonia Mundi. Depuis, la Petite Bande a fait son chemin à travers un parcours d'une belle cohérence. Un travail en famille. Un pieux respect du texte combiné à une relative liberté dans l’exécution. Ici pas de grande voix (les divas et les petits chanteurs sont ailleurs) et un orchestre toujours soudé et tout en connivences. Comme dans son corpus des opéras de Mozart discutable au niveau des voix, c'est surtout l'esprit et l'énergie qu'insuffle le chef à ses troupes qui fait tout le sel de ces enregistrements. A thésauriser. (Jérôme Angouillant) It was September 1972, just after the final notes of Lully's opera Bourgeois Gentilhomme, to a text by Molière, had been recorded by a fairly random assembly of musicians who had got together for the first time to do this – mostly young and enthusiastic advocates of authentic Baroque performance, directed by Gustav Leonhardt, harpsichord maestro and discerning driving force behind this recording. Dr. Alfred Krings, of the German Harmonia Mundi recording label, then asked the inevitable question of what name this previously non-existent ensemble should be given on the record sleeve... With a delicate, slightly enigmatic smile on his face, Gustav Leonhardt conjured up his suggestion of "LA PETITE BANDE". Leonhardt was a man of somewhat aristocratic demeanour and I instantly felt I recognised a subtle but unmistakeable reference to the slightly "gang-like" aspect of our hitherto unblooded musical get-together, and I was happy about this covert allusion as I felt really at home in this brand new grouping. But a few seconds later (presumably because I was gazing at him in puzzled confusion), he explained to me what his suggestion was all about: La Petite Bande, he said, was the name used sometimes at the court of Louis XIV to describe a smaller and most likely better qualified group of musicians, called upon for auspicious occasions only, in other words a sort of musical elite. I swallowed my views on this apparent contradistinction and immediately said I agreed entirely with the suggestion. Nothing "gang-like" about this group; rather a prestigious, elite Bande de musiciens. Personally, I felt that we were reaching a bit too high, but most of all I was relieved and happy that this problem (of giving the infant a name) had been dealt with. When I look back now, I'm astonished and grateful that this unusual birth of our "little band" – obviously more the result of happy circumstance than premeditated decision – has continued to define the character and ambience of our collaboration over the entire 50 years of our existence as an 'action group'. When you're a musician, or playing in a group of musicians, you need to play every concert as if it were the very first, but at the same time perhaps the very last. This keeps the work mint-fresh and banishes any suffocating routine. The real, deep reason for playing any music at all (even if you play on your own) is your connection to the situation you're transcending, which gives you the most personal, inner satisfaction. If this feeling ever starts to evaporate, where's the fun? Yes, this is the breath that keeps us musicians alive, and we've always chosen musicians who can share this same breath with us. The mentality – that common philosophy about the work – is absolutely the most important aspect; it very largely determines the quality that can then be communicated to our audience. In the most literal sense, a musician must always remain an amateur – a "dilettante" – as only then will the listener share in the enjoyment.
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