Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Suite en sol mineur, BWV 995
Prélude, Fugue et Allegro en bémol majeur, BWV 998
Suite en mi majeur, BWV 1006a

Joachim Held, luth

Comme entrée en matière, Joachim Held opère un tri dans les pièces dites écrites pour luth de Jean Sébastien Bach. Il n'en retient que trois au prétexte d'une tonalité peu usitée ou de la difficulté d'exécution. L'interprétation de Joachim Held est empreinte d'emblée d'une rectitude un peu austère. Il parcourt ces pages au discours riche et fouillé, de façon souvent monocorde et dénuée d'enthousiasme. Cette gravité pourraient convenir à l'instrument mais lorsqu'il s'agit de faire sonner le silence entre deux pincées de cordes, son jeu ne montre parfois que méticulosité et raideur. Dans l'ensemble, le projet du luthiste reste assez fluctuant. Dans l'allemande de la BWV995, il lui arrive d'accrocher chaque début de mesure et si le thème de la gavotte est exécutée de façon quasi métronomique, sa reprise est nettement plus doucereuse et accomplie. Held est bien plus à l'aise dans les phrasés filés des danses rapides. Même la difficultueuse fugue de la BWV998 est subtilement conduite jusqu'au bout. La BWV1006 est réussie dès le début du prélude : un véritable élan, une belle articulation met en valeur l'architecture polyphonique du mouvement. Les danses rapides sont menées avec grâce mais la lenteur du Loure se fait pesante. La gigue finale nous rappelle ce que le luth est capable d'expressivité et de grandeur. A noter que ni l'interprète ni l'éditeur ne mentionne l'identité de l'instrument utilisé ! (Jérôme Angouillant)