 Le violon fut l’instrument de Grazyna Baciewicz, et le guide idéal qui permit à son langage d’évoluer. On sait comment les somptueux Concertos pour violon l’auront montrée partant de Szymanowski pour devenir elle-même, mais les œuvres avec piano sont tout aussi essentielles, et d’ailleurs plus courues : toute une nouvelle génération de violoniste polonais l’illustre depuis le début du XXIéme Siècle. Je désespérai de voir un jour Bartolomiej Niziol, ce virtuose de première force, d’oser les Concertos, mais du moins le voici dans un programme saisissant tous les visages du corpus pour violon et piano, des pièces de caractères populaire, aux revisitations né-baroques de l’intrigante Partita, de la bouillonnante Sonata da camera, à ce chef d’œuvre qu’est la Quatrième Sonate par quoi s’ouvre ce disque essentiel. La tenue de cet archet, l’ampleur du jeu, la puissance des conceptions du violoniste trouvent un écho décisif dans le splendide piano de Pawel Mazurkiewicz, partenaire à égalité comme l’exige l’écriture suractive que lui aura imposé Grazyna Bacewicz. Mais j’y pense, pourquoi n’enregistrerait-il pas les œuvres pour piano solo, ajoutant ainsi un nouveau disque à celui si réussi de Peter Jablonski (voir ici) ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Grazyna Bacewicz (1909-1969) fut la descendante esthétique de Karol Szymanowski dont elle adopta les explorations dans le domaine du néo-classicisme et du folklore. La musique pour violon et piano sur ce disque se caractérise par une architecture musicale qui emprunte les formes d’époques précédentes, surtout du baroque, et de la polyphonie. A part quatre petits morceaux et un minuscule Concertino, à noter sur ce disque la Sonata da camera où elle emprunte non seulement les appellations de chaque mouvement de la période baroque, mais elle explore les formes polyphoniques contre un arrière plan harmonique traditionnel. La Partita, œuvre baroque (Praeludium, Toccata…) témoigne de son imagination créative, jusqu’à inclure dans l’Intermezzo le célèbre « Si bémol, la, do, si naturel » (BACH). La Sonate N°4, une des œuvres de sa maturité, témoigne de la diversité des influences musicales et de son développement artistique. Sa musique, qui reste à découvrir –on peut donc saluer la sortie de ce disque –, allie le brio et l’ironie d’un Prokofiev à l’humeur ruminante d’un Chostakovitch, le tout recouvert d’un voile szymanowskien. A découvrir. (Rob MacAiodh)

|