Grazyna Bacewicz (1909-1969)
Concerto pour violoncelle n° 2

Krzysztof Penderecki (1933-2020)
Concerto pour violoncelle et orchestre n° 2

Roman Jablonski, violoncelle
Great Symphony Orchestra of Polish Radio and Television
Tadeusz Strugala, direction
Jerzy Katlewicz, direction

J’imagine la surprise de Gaspard Cassado recevant le Concerto qu’il avait commandé à Grazyna Bacewicz ! Elle lui aura offert une de ses œuvres les plus radicales, vaste nocturne emplis de sortilèges sonores, sans équivalent alors. La tapisserie mouvante d’un orchestre de songe que n’aurait pas renié Henri Dutilleux porte la rêverie éveillée du violoncelle qui endormira l’Adagio dans un glissendo soupir. Si l’Allegro initial et l’Adagio sont appariés dans la même trame sonore, l’Allegro final avec son caractère de scherzo instable cherche à se soustraire au ton de nocturne, Bacewicz cède à son gout irrépressible de la suractivité, étoilant un orchestre fantasque où le violoncelle parait par éclipses. Par moment l’orchestre d’ailleurs divague seul, et le piano s’invite, esquissant quelques notes avant que le violoncelle impose un moto perpetuo halluciné. Quelle œuvre ! Qui aura marqué tout le dernier style de ce génie de la nouvelle musique polonaise, Roman Jablonski l’emporte avec une précision diabolique dans un orchestre réglé au cordeau par Tadeusz Strugala. En comparaison, le Deuxième Concerto que Krzysztof Penderecki composa à l’intention de Mstislav Rostropovitch en 1982 semble infiniment plus convenu, ses huit sections déroulant les poncifs d’un modernisme tempéré de minimalisme qui m’étonne toujours lorsque je pense que le même compositeur écrivit Les Diables de Loudun…..Roman Jablonski débarrasse du moins la partition des effets dont Mstislav Rostrpovitch l’encombrait, son violoncelle est un personnage qui unifie l’œuvre, mais quel dommage qu’il n’ait pas préféré consacrer tout son disque à Grazyna Bacewicz… (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Composé en 1962 pour le soliste espagnol Gaspar Cassado, le second Concerto pour Violoncelle de Grazyna Bacewicz reflète la dernière période de la compositrice, aboutissement des différentes mouvances portées par les grands agitateurs de l'époque Szymanowski, Lutoslawski et Penderecki et empruntées par la compositrice tout au long de son parcours de créatrice formée à Varsovie et à Paris auprès de Nadia Boulanger. L’œuvre se caractérise par une palette de couleurs riche et nuancée de teintes inédites, et par une dominante sonoriste à base de clusters et de textures chromatiques serrées dans les mouvements extrêmes, quant à l'Adagio central il marque une pause suspensive bienvenue pour le soliste livré à cette partition diabolique. Dédié à Rostropovitch et commandé par le philharmonique de Berlin, le second Concerto de Krzytof Penderecki composé en 1982 atteste lui aussi d'une conjonction de styles. Huit mouvements fragmentaires et bien distincts qui parviennent à se fondre dans une architecture et un discours parfaitement maîtrisés. L’œuvre ne donnent jamais l'impression d'un collage mais forme une narration aussi lisible que lumineuse. Impérial et soutenu par un orchestre infaillible, Roman Jablonski entre en fusion avec son violoncelle et se livre à nu, aboyant, pestant, caressant, implorant tel un loup hagard une nuit de pleine lune. Incarnées ainsi, les deux œuvres en ressortent transfigurées. (Jérôme Angouillant)

The collection of the Polish Radio Archive is one of the highlights of our national musical culture. Once again, we are pleased to present you with selected recordings of Roman Jablonski, one of the most recognisable Polish cellists, from this very collection. The album contains 2 masterpieces of the 20th-century Polish music. The Cello Concerto No. 2 by Grazyna Bacewicz was created in 1962 at the request of world-famous Spanish cellist Gaspar Cassadó. The piece is a clear nod to sonorist music. Although Bacewicz clearly turned towards Romanticism or even Neoclassicism at some point, the work is dominated by varied sound clusters, highly chromatic episodes, and simultaneously developing, autonomous narratives of selected instrumental groups. In turn, the Concerto per violoncello ed orchestra no. 2 (Concerto for cello and orchestra No. 2) by Krzysztof Penderecki was composed in 1982, commissioned by the Berlin Philharmonic and dedicated to Mstislav Rostropovich and the musicians of the Berlin Philharmonic. This is one of the most original and extensive concert works of the Polish artist, in which elements equivalent to the composer’s quasi-Romantic thinking and strongly dissonant sonorist episodes are constantly interwoven.