Lart de Steven Staryk - MAR83111 - Petits prix - par Marquis - Joseph-Hector Fiocco 1703-1741 Allegro

On oublie souvent l’importance du premier violon des grands orchestres, et toutes les qualités de musicalité, d’intelligence et de virtuosité qu’il faut pour assumer cette fonction de l’ombre et assurer le poste qui lui correspond, souvent aux dépens de la notoriété dont jouissent les solistes célébrés par les médias. Steven Staryk, d’ascendance ukrainienne, naquit à Toronto en 1932. Lauréat de prestigieux concours internationaux — Paganini, Carl Flesch, etc. — il choisit toutefois de devenir « concertmaster » du Royal Philharmonic Orchestra (1956), de l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam et de son Orchestre de chambre (1960), puis de l'Orchestre symphonique de Chicago (1963), ayant refusé la même année le poste qu’il devait partager avec Michel Schwalbé, tandis que Karajan régnait sur l’Orchestre Philharmonique de Berlin, tout en reprenant simultanément une carrière de soliste au Canada et aux USA. Il redevint enfin premier violon de l’Orchestre Symphonique de Toronto en 1982. Mais, depuis le milieu des années soixante, il avait déjà cédé aux rigoureux devoirs de l’enseignement et de la transmission des valeurs musicales à Amsterdam, Oberlin College, Vancouver, Ottawa et à l’Université de Western Ontario (London) avant celle de Toronto. La magnifique anthologie proposée par le label Marquis, ayant remastérisé des enregistrements publiés en 2006 par Orion Master Recordings, permet de redécouvrir à temps un violoniste qui fut assurément un des plus grands du XXe siècle tant du point de vue d’une virtuosité égale à celles de Heifetz, Ricci, Accardo, Rosand, Kantorow que de celui d’un sens du style comparable à ceux d’Oïstrakh, Kogan, ou Grumiaux. On en jugera aisément avec le vivant enjouement du Rondo K. 250 de Mozart, la fougue enflammée des pièces de Saint-Saëns et Sarasate, les nuances et coloris infinis du Tambourin de Leclair permettant d’admirer la netteté constante de sa justesse quelque soient les difficultés pyrotechniques exigées, et sa maîtrise superlative de l’archet. Des enregistrements qui, par la redécouverte d’un talent oublié en raison de la modestie de Staryk et de son seul dévouement à la musique, ainsi que par les qualités sonores de leur restitution, méritent parfaitement l’épithète d’exceptionnels. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)