Du petit orphelin praguois Antonin Rejcha à l’honoré compositeur Antoine Reicha, professeur de fugue et contrepoint au Conservatoire de Paris, quel parcours ! Sa réputation d’enseignant un peu strict et ses traités d’harmonie et de composition feraient presque oublier son intérêt personnel pour des approches musicales et rythmiques très en avance sur leur temps et un peu sulfureuses pour l’époque. Mais ses 24 quintettes pour vents n’en sont pas la preuve la plus flagrante, plutôt le versant le plus « classique » de sa production. Serait-ce pour cela qu’ils firent à l’époque le tour de l’Europe, contribuant plus à sa réputation de compositeur que tout le reste de son œuvre ? L’industrie discographique, elle, les délaisse : les doigts des deux mains suffisent à compter les gravures du « blockbuster » qui ouvre cet enregistrement. Pourtant que de petits bijoux rien que dans les trois œuvres sélectionnées ici (le dernier mouvement de l’opus 88/1...), quelle attention portée par Reicha aux alliages de couleurs ! Alerte et espiègle (comme la photo de la jaquette), impeccable sur instruments modernes, le quintette praguois Belfiato prend place sans peine dans la discographie au côté du quintette Albert Schweitzer : serait-ce un ballon d’essai en vue d’une possible intégrale ? En tout cas voilà un disque à savourer sans modération pour se mettre le moral au beau fixe... mais en oubliant l’affreuse traduction de la notice, qui voudrait par exemple nous convaincre (et à plusieurs reprises) que Reicha se livrait à « des imitations de contrepoint », lui qui était un maître du « contrepoint imitatif » ! (Olivier Eterradossi) Following their critically acclaimed debut album (Foerster, Janácek, Haas; SU 4230-2; Musicweb International Disc of the Month, Tip Harmonie), the Belfiato Quintet have gone back a century in time, to the “father of the wind quintet” Antonín Rejcha’s life was adventurous and turbulent indeed. When he was 10, he ran away from his Prague home, and would live in turn in Bonn, Hamburg and Vienna, before finally settling in Paris. He presented his first symphony at the tender age of 17. Rejcha became a friend of Beethoven’s, who played the viola in the same orchestra, he made the acquaintance with Haydn, and his teachers included Salieri. A keen experimenter, he liked to write in quintuple time, was fascinated by Gypsy music with microintervals, playing with numbers and chords, polyrhythm, polytonality and counterpoint. Moreover, he was an accomplished theorist and a renowned teacher, also working as a professor at the Conservatoire de Paris. His students included Liszt, Berlioz, Franck and other distinguished composers. Rejcha was the first to write truly masterful wind quintets, making full use of the instruments’ timbres and technical potential. Notwithstanding its being challenging to perform, his music comes across as bright, airy and gracious. The Belfiato Quintet selected three – the most beautiful and most engrossing – of Rejcha’s 24 wind quintets, which they have recorded at the acoustically exceptionable Rudolfinum hall in Prague. It would seem that the virtuoso and passionate musicians have found in Rejcha a kindred spirit. It’s one hell of a ride...
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