 Capté en 2015 lors de la célébration des 50 ans de la mort du compositeur Vaudois Aloÿs Fornerod, ce disque s’en vient dresser un portrait assez fidèle en vérité. Ne manquent au tableau que des échantillons de sa musique de chambre et de scène mais le choix des œuvres est bien représentatif du style du compositeur. Fils de pasteur, Fornerod, converti au catholicisme, a largement baigné dans la spiritualité. Les œuvres sacrées de celui qui fut Maitre de chapelle sont avant tout destinées à accompagner la liturgie et non à exprimer sa personnalité. Qu’elles soient chorales ou dédiées à l’orgue, ces pièces, composées avant 1940, sont empreintes du néo-classicisme ambiant. Davantage que l’influence de Pfitzner, dont Fornerod fut brièvement l’élève, il faut y voir celle de la Schola Cantorum, qui a profondément marqué notre Vaudois. Rien de révolutionnaire non plus du côté des pièces d’orchestre mais un style « à la Poulenc » - le côté canaille en moins - dans le Concerto, empreint d’une grande fraîcheur. Les solistes, le chœur et l’orchestre de la Haute Ecole de Musique de Lausanne défendent avec conviction la musique simple mais belle de leur compatriote. (Yves Kerbiriou)  Un musicien de la Suisse romande aborde la composition avec une inquiétude que ne connaissent pas le Français ou l’Italien. Son origine glisse dans son esprit un doute stérilisant. Va-t-il chercher ses modèles dans l’oeuvre des grands musiciens de France ? Ou bien tenterat-il une sorte de fusion de l’art latin et de l’art germanique ? La plupart du temps, il hésite, et son hésitation entretenue par les préjugés courants, le promène de Paris à Berlin, de Berlin à Munich, de Munich à Vienne. Il meuble son esprit, mais la culture qu’il acquiert, au lieu de l’exciter à produire, le fige dans l’attitude d’un auditeur averti et impuissant. Car on ne forme pas un créateur d’art en lui offrant le spectacle d’une exposition universelle. Et notre musicien aura tout vu, mais l’essentiel, qui est de savoir se borner, ne lui aura pas été enseigné : il comprendra beaucoup de choses mais ne saura point écrire.  A musician from the French-speaking part of Switzerland approaches composition with qualms unknown to the French or Italians. His origins introduce a sterilising slip of a doubt into his mind. Should he find inspiration in the works of the great French composers? Or should he aim for some kind of fusion between Latin and Germanic art? Most of the time, he hesitates, and his hesitation, nurtured by common prejudice, takes him from Paris to Berlin, from Berlin to Munich, from Munich to Vienna. He fills his mind, but the culture he acquires, rather than exciting him into production, causes him to freeze in the posture of a knowledgeable but helpless listener. Indeed, introducing someone to a Universal exhibition will not turn him into an art designer. And our musician will have seen it all, but he will not have been taught the very essence, i.e. knowing one’s limits: he will have a wide understanding of things, but will not know how to write.
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