Albert Lortzing Der Wildschütz Opéra Seefried Kmentt Holm Völker Wallberg

Petite merveille ! Dans son Wildschütz Lortzing aura fait passer l’esprit de Mozart, celui de ses Noces de Figaro avec sa baronne « archichérubin » travestie en garçon qui se déguise en fille, et ses ensembles étourdissants, comme le « quintette du billard » à l’acte II. Sur cette comédie subtilement érotique, plein de pages exquises, Lortzing a mis un orchestre de musiques champêtres, d’une savoureuse invention. L’Opéra de Vienne se devait d’accueillir ce « Braconnier », enfant naturel de Mozart et de Weber, il lui redonna tout son lustre trois années avant que le disque ne s’en empare y alignant Wunderlich, Rothenberger, Prey auxquels ne manquait que le théâtre : le voilà. Salzbourg aura monté l’ouvrage pour la Baronne Freimann d’Irmgard Seefried, rayonnante de poésie mutine, irrésistible de bout en bout. C’est elle qui mène une troupe absolument viennoise où l’on respire encore le parfum de l’ensemble Mozart créé après guerre : cette finesse de touche, cette intelligence des situations, le brio fou des ensembles font un élixir dont on ne veut pas se déprendre. Et quel Baron Kronthal formidable que celui de Waldemar Kmentt, qui n’a rien à envier à celui de Fritz Wunderlich. La troupe est brillante, dominée par la Comtesse d’Hilde Rössel-Majdan, si rare à la scène, et par la Gretchen de Renate Holm. D’une battue alerte Heinz Wallberg enlève cette comédie pleine d’épices, régal du répertoire léger qui brille ici de ses feux les plus vifs. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)