 Les deux œuvres les plus développées de ce programme, la sonate de Rebecca Clarke, sa page la plus célèbre et la vaste et très élaborée suite d’Ernest Bloch ont en commun d’avoir été récompensées lors du même concours de composition mécéné par Elizabeth Sprague Coolidge. Elles imposent chacune un ton, celui de Bloch imprégné de post-romantisme généreux mais sans guère de ces accents hébraïques qui ont fait la célébrité de Schelomo tandis que celui de Rebecca Clarke, compositrice anglaise qui étudia la composition avec Stanford et l’alto avec Lionel Tertis et cessa d’écrire après son mariage en 1944 se rapproche notamment de ses contemporains Bax et Bridge. Mais cette sonate est généralement considérée comme son œuvre la plus aboutie. D’une tout autre esthétique relève la sonate de Hindemith pourtant elle aussi de 1919, lui aussi altiste, qui tourne le dos au romantisme et ouvre la voie à ce néo-classicisme solidement architecturé et volontiers véhément qui va imposer le style du compositeur allemand. Enregistré il y a onze ans, ce CD s’impose donc par la cohérence historique de son programme autant que par la qualité de l’altiste Barabara Buntrock, élève de Tabea Zimmermann solidement accompagnée par Daniel Heide ; leur disque qui a été d’ailleurs soutenu par la fondation pour la musique allemande, s’impose par ce programme aussi original que cohérent. (Richard Wander)  Les disques d’alto sont rares, et ils pâtissent d’un répertoire restreint. Aussi souffrent-ils de l’inconvénient consistant à présenter des programmes un peu trop souvent repris. Si le couplage proposé ici, centré autour de l’année 1919, n’exhume aucune page inédite, il a le mérite de se consacrer à trois œuvres contemporaines, dont deux furent même d’heureuses rivales, Rebecca Clarke et Ernest Bloch se voyant attribuer ex aequo le premier prix du concours Coolidge, doté par la mécène américaine. On est avant tout frappé par le timbre solaire de Barbara Buntrock, qui déploie avec une puissance radieuse ces œuvres énergiques, assez teintées d’un exotisme encore en vogue alors (Clarke et Bloch), au cours toujours sûrement maîtrisé, d’une saveur à l’occasion malicieuse (Hindemith, surtout). Daniel Heide ne se cantonne pas au rôle du simple faire-valoir. Les deux partenaires dialoguent avec une majestueuse élégance, toujours soucieux de restituer dans toute leur richesse les plans sonores, sans jamais se départir d’une justesse de ton dictée par les diverses facettes de ces œuvres fortes et attachantes. Un très beau disque. (Christophe Luret)  In 1919 Clarke entered her viola sonata in the competition Ms. Coolidge was sponsoring, and tied for first place along with Bloch’s suite for viola and piano. Two years later, Clarke’s new piano trio was well received at the same competition, leading to a commission to compose for the festival. Her three-movement sonata for viola and piano breaches the Classical norm by ending with a slow movement. As an incipit she chose verses by Alfred de Musset: “Poet, take up your lute; the wine of youth / Is fermenting tonight in the veins of God.” Paul Hindemith, on the other hand, would hardly have chosen such Romantic imagery to grace his Viola Sonata op. 11, No. 4. His goal was to leave the 19th century and the aesthetic of the past far behind him. Hindemith’s career began during the turbulent years of inflation and crisis following the First World War. ….Written in barely two weeks (27 February to 9 March 1919), the Viola Sonata is the first work written by Hindemith after his return from the war. Bloch’s Suite for Viola and Piano contains some stylistic elements reminiscent of Debussy, even distant echoes of Brahms. But we would be doing Bloch a disfavour if we only broke down his musical idiom to a series of influences by other composers.

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