Igor Stravinski (1882-1971)
"Petrouchka", scènes burlesques en quatre tableaux
"L’Oiseau de feu", Suite extrait du ballet en deux tableaux d’après un conte national russe

London Philharmonic Orchestra
Klaus Tennstedt, direction
Barry Griffiths, direction (Petrouchka)
Duncan Riddel, direction (L'Oiseau de feu)

Tennstedt et Stravinsky ? Le binôme peut paraitre étrange, il l’est. Ce "Petrouchka" taillé à la serpe, aux rythmes un peu trop ivres, et qui tanguent, déconcerte. Mais si les vertus cardinales du style Stravinsky n’y sont pas – ni le cordeau des rythmes, ni la sécheresse du dessin – le regard expressionniste qu’y porte le chef allemand vaut le détour, et les personnages s’animent, moins marionnettes, plus clones humains. Mais bon, c’est un "Petrouchka" pour les amoureux de Tennstedt qui se régaleront à ses embardés, à ses coups de génies et excuseront les moments plus aléatoires. La "Suite" de "L’Oiseau de feu" est autrement impérissable : l’étoffe Rimski-Korsakov de son orchestre parle bien plus à Tennstedt. Dès l’Introduction il fait entendre des détails qui forment ce qui manquait tant à son "Petrouchka" : le sens du récit, et plus encore celui d’un mystère. Nuit sombre où Kashtchei et l’Oiseau passent comme deux ombres : la danse du premier sera les enfers même, les chamarrages de celle de l’Oiseau brillant et caustique à la fois, merveilleux et mordant, et la Berceuse pleine d’opium. Alors pour cet oiseau empoisonné, ce disque doit être connu par qui veut tout savoir sur ce géant de la direction d’orchestre (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)