Ernst Wilhelm Wolf Oratorio de la Passion Jesu deine Passion will ich Jetzt bedenken Herfurtner

Si le nom et la musique de Ernst Wilhelm Wolf sont parvenus à nos oreilles, c’est bien grâce aux efforts de labels « indépendants ». Naxos nous gratifia voilà quelques années d’un magnifique bouquet de symphonies et CPO publia un recueil tout aussi passionnant de quatuors à cordes. Ce même label vient de remettre à l’honneur ce musicien contemporain de Haydn et de Mozart en nous faisant découvrir cet oratorio de la Passion. La carrière et la réputation de Wolf n’excédèrent pas les limites de la ville de Weimar où il exerça en tant que Kapellmeister. Il aurait pourtant composé rien moins qu’une centaine d’opus dans tous les genres (Opéras, oratorios, symphonies, musique de chambre et sonates pour clavier). Cette simili Passion qui ne veut pas dire son nom, est une alternative entre le modèle baroque (Bach, Haendel) des Passions et l'oratorio classique (Haydn). Elle se passe d'ouverture pour débuter par un très bref choral histoire de lancer action et narration. Tandis que le feu du drame entretenu par des récitatifs « accompagnés » le plus souvent, aussi intenses que ramassés, et des solistes anonymes, plus protagonistes que personnages, se déploient d'imposantes arias da capo où le compositeur convoque des trésors d'imagination. Ainsi la sombre déclinaison du "Heiliger auch ich bin Erde" de la soprano et le langoureux "Lieblicht Fließt die Zähre" du ténor se permettent chacun d'excéder dix minutes. Idem pour le magnifique et suave duo "Gott am Kreuse lehre mich" chanté tout en douceur par les deux voix féminines. Sans le pathos habituel, la musique trouve ici un vivier naturel pour s'épanouir. Il faut attendre le dernier numéro, un très long récitatif accompagné où chaque protagoniste intervient à tour de rôle, pour que le nœud dramatique se libère enfin. Cette manière de faire évoque les œuvres similaires de Telemann (L'invention spontanée) et pourquoi pas des échos précurseurs du Haydn des oratorios. L’œuvre captivante et inédite au disque est défendue avec superbe par des solistes généreux et un chef magnanime (Michael Alexander Willems). (Jérôme Angouillant)

Ernst Wilhelm Wolf’s contemporaries called him the »Weimar Wolf,« a fitting label, inasmuch as Weimar’s musical environment greatly influenced the life of this teacher, concertmaster, and organist who advanced to the post of chapel master to Duchess Anna Amalia, a noted patron of the arts. Even though he was a thorn in the flesh for Johann Wolfgang von Goethe, Germany’s prince of poets, he remained true to the court and his duchess over the decades. He even declined with thanks an offer from the King of Prussia, Frederick II, to succeed Carl Philipp Emanuel Bach in Berlin. However, the fact that Wolf highly valued Bach’s empfindsamer Stil and the style of the Berlin chapel master Carl Heinrich Graun is clearly audible in his works. During recent years Wolf’s instrumental music has attracted increasing attention. Now Michael Alexander Willens has recorded Wolf’s oratorio Jesu, deine Passion will ich jetzt bedenken. In this work, like Graun in his Tod Jesu, the composer, who in 1756 was only a little over twenty, reflects on the Passion of Christ and relives it with deep emotion. An absolute masterpiece from the age of musical sensibility with arias of great melodic appeal that are guaranteed to leave no heart unmoved!