 Les méconnus ? William Flackton, de Canterbury, était éditeur, organiste amateur branché musique d'église, joueur d'alto (nombreuses compositions en solo). Milanais, Giorgo Antoniotto fut l'un des premiers à composer pour ce violoncelle auquel il dut renoncer, main blessée en duel. Il passa par Paris et Vienne, repassa par Madrid et Lisbonne. Schoenberg à l'ancienne, dans son Arte armonica publié à Londres, il inventa son système de développement musical (du contrepoint, de l'harmonie, même de la mélodie) généré à partir des premier et cinquième degrés de la tonalité. A Dresde, fils de hautboïste, le "kapellorganist" Christlieb Siegmond Binder, autre expérimentateur formel (à ne pas confondre avec ses deux fils également musiciens), donna dans le clavecin et les sonates en trio, sans dépasser la renommée locale. Mais, de surprise délicieuse en émotion fondante, c'est tout le programme ici qui porte merveille et grâce, entre musique dite galante, baroque, et surtout au sentiment bien en bandoulière : ce fameux Empfindsamkeit que l'on rattache volontiers à CPE Bach (notez comme son présent larghetto pourrait faire sarabande d'une suite soliste de son père). Bref, voilà un enregistrement somptueux autant que magnifique, par de remarquables musiciens. Le claveciniste est peut-être un peu discret, mais alors quelle altiste, et quel instrument (renversant Paolo Magghini de 1610)! Le monde n'est plus que rebonds bien frottés, raucités saltatoires, feulements rêveurs au bon goût boisé. O Temps, suspends ta viole... (Gilles-Daniel Percet)  Original compositions for viola as a solo instru ment were quite rare before 1775. There are several reasons for this, and they go back a long way. In ensembles , the viola, as the middle part, usually played a s ubordinate role. In court and municipal orchestras, the posts of violists were generally poorly filled in terms o f both quality and of quantity – also because violists were poorly paid. The first author to highlight the viola’s pi votal role in harmony and voice-leading was Johann Mattheson (168 1-1764), who pointed out in 1713 that everything wo uld sound dissonant without the viola. Then, in 1738, J ohann Philipp Eisel (1698-1763) described the viola as the “innards of music”. Further statements can be found – for instance, Johann Samuel Petri (1738-1808), i n his Manual of Practical Music-Making (1782), exclaimed: “Another mistake! The viola is so mistreated! A be autiful instrument that achieves such great effect is gener ally put through torture by ignorant apprentices or stupid old men.” However, the fact that solo viola parts were genera lly entrusted to skillful violinists eventually led to the emergence of works written specifically for viola. With this recording exclusively featuring world pre mières (with the exception of Flackton) of original compositions for viola, we are thus able to provide a multi-faceted glimpse of late 18th-century reper toire for viola and keyboard – works that are mostly forgotte n today.

|