 1- Clins d'œil malins : Ce CD se donne des aspects ludiques en choisissant pour titre UNICO : c'est là le premier prénom, rare et précieux, du comte Wilhelm Van Wassenaer [1692-1766], puissant aristocrate, diplomate et compositeur dont l'œuvre quantitativement modeste se distingue par l'imagination, l'inventivité et les couleurs très baroques qu'elle déploie. 2- Clins d'œil appuyés : Teun & Teun, affiche ce même album : autre histoire de prénoms : les interprètes portent tous deux le même ! 3- Répertoire : Van Wassenaer est mis en vedette, mais n'est pas seul : d''autres compositeurs ayant à voir de très près ou de plus loin avec les « Pays Bas du Nord ou du Sud » (Van Noordt, de Fesch, Loeillet de Gant numéro 1 sont aussi de la partie). 3- Gémellité ou presque : dans le numéro d'août 2019 de ce magazine, je fis l'éloge d'un album dans lequel E. Bosgraaf et F. Corti proposaient une bonne partie de ce même programme : les 3 sonates de notre diplomate, celle de Van Noordt, celle de Lœillet de Gant (incomplète dans ce dernier cas) . Lecteurs qui conservez fidèlement vos numéros, à vos marques ! 4- Quelques éléments de confrontation : Bosgraaf et Corti sont pls virtuoses, plus variés dans les attaques et les articulations, plus audacieux et décoiffants que les deux Teun : leur numéro de haute voltige dans la sonate de Van Noordt interprétée sur flûte sopranino est irrésistible. Les Teun sont plus lents, mais cette retenue a aussi sa pertinence : ils soulignent, par exemple, l'aspect sombre du « Grave », premier mouvement de la sonate 2 de Wassenaer ; son allure processionnelle voire pesante, à laquelle ils opposent la course incessante qu'évoque pour eux l'allegro qui suit. L'expression des affects et des couleurs se déporte, pour ainsi dire, chez Bosgraaf et Corti : c'est l'allegro qui prend en charge toute la force du contraste : leur « Grave » est plus léger, il saisit moins. mais il y a, cette fois, dans l'allegro, plus qu'une course : une précipitation fulgurante, comme le déchaînement d'une fureur. L'adagio des Teun est incisif, coupant ; on peut trouver celui de Bosgraaf-Corti un peu trop martelé. La gigue des Teun lève bien le pied et est chantante, celle de Bosgraaf-Corti est, quant à elle, encore plus enlevée. L'allegro de la 3e sonate des Teun moins rapide, paraît plus détaché, plus primesautier, que l'autre, plus avide d'éclat. Il faudrait encore s'attarder sur la réalisation de la basse continue dans l'usage qu'elle fait chez les uns et les autres des arpèges ou et/ des accords. dans tel ou tel passage. Au jeu des Teun, de bonne facture, de bon aloi, qui a pour lui l'intériorité et la délicatesse, je préfère pour tout dire la lecture dionysiaque de Bosgraaf/Corti, Même si ce CD réduit Lœillet de Gant à un seul mouvement ! (Bertrand Abraham)  The Story of Dutch baroque music is a story of cultural connections, of European history. There was not a shortage of music, including repertoire for recorder, in Holland: Amsterdam was not only a center of composition and instrument making, but also one of the most important centers for music publishing. Many of the most esteemed Italian composers had their work published in Amsterdam, making it available there earlier there than in their own country. Dutch composers as well as musicians of the time were thus ironically more ‘close to the source’ than many of their Italian colleagues. The music that was written by Dutch composers was heavily influenced by the Italian style. Jean Baptiste Loeillet de Gant and his music are exemplary for the strong international character of composition, instrument making, music printing and publishing, and of course musical performance, in which The Netherlands and Amsterdam in particular, played a central role. Sybrant van Noordt is a perfect example of the Italomania. A happy marriage of structural simplicity and richness of detail only achieved by great craftmanship applies the sonata of Willem de Fesch perfectly. Count Unico Wilhelm van Wassenaer is a central figure in this programme in which all three of his Sonatas for recorder and harpsichord are featured. These Sonatas are “almost as good as those of Corelli” – as a French official put it during a journey by Wassenaer to Paris.

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