Tomonari Higaki (1974-)
La Mer de la fertilité

Tomonari Higaki, acousmatique

La musique acousmatique, en général, nous plonge dans des mondes sonores où il peut y avoir beaucoup de résonances, mais pas vraiment de références. C’est le cas avec cette "Mer de la fertilité" que nous propose Tomonari Higaki qui nous plonge dans un monde de sensations, nous invitant à renoncer un peu à la certitude des notes pour mieux accepter la vérité des sons et des émotions. Le compositeur nous dit se référer au bouddhisme ésotérique mais l’œuvre reste pleinement accessible même si nous ignorons ce dont il s’agit. Ce qui nous a séduit dans cette œuvre en deux parties et dix tableaux, ce sont à la fois ses dimensions paradoxales et sa cohérence, ainsi que la diversité des climats explorés. Dans la première partie de l’œuvre (Diamant), les résonances de métal et de bois, le grain des voix perçues font résonner les réminiscences de rituels mais aussi de la nature dans lesquels s’inscrivent des activités humaines (artisanat ou industrie). Après cette première partie, où les éléments "naturels" sont très présents, la deuxième partie (Matrice) nous plonge plus dans le monde des activités humaines, dont la musique et la danse. Les deux derniers tableaux sont une ouverture à l’envers : un éloignement (et non une introduction) puis un retour aux origines de l’œuvre accompagné d’un rappel des paysages sonores traversés. Une œuvre qui invite à retrouver les fondements de l’écoute musicale, à prioriser le son et laisser surgir le sens en acceptant de se laisser porter par les propositions sonores. Nous avons également exploré le précédent enregistrement de Tomonari Higaki, "Mahoroba" (également chez Motus) qui est plus dans l’exploration et l’expérimentation. Cette "Mer de la fertilité" nous paraît plus aboutie et généreuse dans ses propositions. (Marc Ossorguine)