 La série (surtout Bach, mais il y avait déjà Beethoven) continue, quel fameux pianiste (formé par Neuhaus, Maria Yudina, Oborin) ! Dès la première plage, l'adagio expressivo est d'une souplesse, d'une tendresse à faire fondre notre pape François. Tous les passages méditatifs sont intériorisés sans cette boursouflure métaphysique trop supposée de rigueur (mais jusqu'à une certaine limite, plage 6 ?). Oeuvres jamais arides, toujours ''cantabile'' comme au début de la 31ème sonate (la précédente étant prescrite : très chanté avec un sentiment très intime)... après quoi une espèce de scherzo va chercher un air grossièrement populaire (Notre chat a eu des chats), comme l'évoque une lettre du compositeur. Dans la Missa Solemnis (même époque), aurait-on échappé à : Jésus est né par minou ? D'une grande parenté structurelle, ces sonates auraient pu former un seul opus trilogique (comme les quatuors Razoumovsky, op. 59), dans cette sorte de structure cyclique en arche qu'affectionnera plus tard un Bartok. Mais les soucis du vieux Ludwig ont éparpillé son accouchement créatif : la maladie (dont une forte jaunisse), et donc la composition parallèle de la susdite messe. A l'ultime sonate semble manquer cependant son allegro final. L'éditeur demanda même s'il n'avait pas été oublié chez le copieur. Aussi vrai que le compositeur y avait un peu songé au départ, si l'on en croit certaines esquisses. A noter par ailleurs des thématiques récurrentes en séquence de six notes diatoniques (hexacorde), comme l'a commenté Alfred Brendel lui-même. Prise de son distanciée, plate et réverbérée, quasi aigrelette. Un jour, un despotisme éclairé approuvé par la commission onusienne des droits du mélomane interdira véhémentement pareil martyrologue de stridulents pianos - qui n'ont jamais fait de mal à personne, sauf aux doigts amateurs de votre serviteur - dans autant d'églises ne sachant plus à quels saints se vouer. (Gilles-Daniel Percet)  Evgeni Koroliov, the master of nuance, announces himself again with another recording of the Late Piano Sonatas of Beethoven, this time with op.109, 110 and 111. A heavy, powerful touch is not his thing. Of course he plays loudly where it should be loud, yet he captures the listener in a different way. He seduces him with the beautiful sound of his touch and with an almost all-absorbing intensity, to engage in small and even minuscule agogic phrasing, slurs or accentuation, in the flow and tumble of the subtle beauty of the score, which often simultaneously develops its powerful undercurrent and yet urges us to grant it our awareness. Thus out of many endless, small treasures emerges an unimaginably beautiful and great whole. Beethoven was not the powerful antagonist he is often portrayed as in loud but superficial interpretations. His creative force erupted in hieroglyphic ink blots on the paper; only in this way was he different to you and I. A mystery.
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