Richard Strauss (1864-1949)
Une symphonie alpestre, op. 64
Danse des sept voiles, extrait de "Salomé", op. 54

City of Birmingham Symphony Orchestra
Andris Nelsons, direction

Les enregistrements captés à Birmingham aux débuts des années 2000 sont parmi les plus marquants du chef letton Andris Nelsons. Ils "respirent" une liberté de ton, une forme d’élégance et une si grande précision virtuose qu’on ne peut qu’être enthousiaste à l’écoute de tels enregistrements. Depuis, on sait la magnifique carrière du musicien à Boston et à Leipzig. Dans le gigantisme de la Symphonie Alpestre, la direction de Nelsons est particulièrement habile car elle souligne la souplesse des timbres de l’orchestre si bien galvanisé auparavant dans le répertoire postromantique grâce à Simon Rattle qui en fut le directeur musical. Nelsons favore aussi une dimension narrative qui est profondément naturelle chez lui. Les épisodes successifs de l’ascension ne se résument pas seulement à des effets sonores aussi enivrants soient-ils. Il y a une conception personnelle et forte de l’espace, de la profondeur des pupitres et des couleurs qui jaillissent avec beaucoup de naturel. Les tableaux enchaînés d’une virtuosité inouïe composent une peinture musicale que peu de chefs ont traduit avec une dimension panthéiste aussi inspirée et élégante. La version de Nelsons rejoint au panthéon celles de Kempe, Karajan, Jansons, hier puis Thielemann et Jordan aujourd’hui. (Jean Dandrésy)