 Ces oeuvres pour flûte et piano furent écrites par des compositeurs de diverses nationalités, nés en gros au tournant du siècle. Tous d'origine juive, ils furent persécutés par les nazis. Si Gal et Tansman émigrèrent et vécurent jusque dans les années 80, Smit et Schulhoff moururent dans les camps. Ces deux derniers compositeurs séjournèrent un certain temps à Paris, et, à l'instar de Tansman, qui acquit, quant à lui la nationalité française, fréquentèrent Ravel, Stravinsky et le groupe des Six, d'où l'influence perceptible dans leurs sonates de ce qui s'écrivait alors dans la capitale française. Les oeuvres de Schulhoff, de Tansman et de Raphael (1925 à 1927) sont celles de compositeurs encore jeunes. La sonate du néerlandais Léo Smit est son dernier opus, achevé peu avant sa déportation. Celle de Gal, bien plus tardive, date de 1974, mais elle reste tournée vers le XIXe siècle viennois. Elle est netttement moins intéressante que les quatre autres, caractérisées par une grande liberté de ton, une verve toujours bienvenue, jaillissante, inventive et virtuose dans les mouvements rapides, un style qui amalgame savamment des traditions différentes, où l'on perçoit les influences du jazz, des musiques traditionnelles (Schulhoff, Tansman,Smit), et où l'on croit déjà entendre s'annoncer par instant la géniale sonate de Prokofiev (2e mouvement de Rafael, 3e de Smit), tandis que les mouvements lents évoquent encore subtilement Debussy (Smit notamment). Une Interprétation habitée, convaincante, enthousiaste et qui coule de source. À connaître. (Bertrand Abraham)  With this CD, audite presents the second duo production with Anne-Cathérine Heinzmann (flute) and Thomas Hoppe (piano). It contains sonatinas and suites by five twentiethcentury composers. In their respective aesthetics, each composer shares the ability to use forms and models of music history as inspiration for his own modern musical language. Existentially, they shared a common fate: all were persecuted by the National Socialists. Some were murdered in concentration camps and others fled to continue their lives in exile. Leo Smit, Alexandre Tansman and Erwin Schulhoff were inspired by French music, including Claude Debussy’s sense for the magic of sound and melodic elaboration and the openness towards jazz shown by the Parisian musical scene. For Günter Raphael, classical clarity and romantic differentiation were decisive ideals; in his late Intermezzi, Hans Gál looked back at his artistic origins in the circle surrounding Johannes Brahms. These five intensive, virtuoso works shed light on facets of an age to which attention is otherwise but rarely paid.

|