Ruggero Leoncavallo (1857-1919)
Zazà, opéra en 4 actes

Svetlana Aksenova, soprano (Zazà)
Enkelejda Shkosa, mezzo-soprano (Anaide)
Dorothea Herbert, soprano (Floriana/Madame Dufresne)
Juliette Mars, mezzo-soprano (Natalia)
Nikolai Schukoff, ténor (Milio Dufresne)
Vittoria Antonuzzo (Toto Dufresne)
Christopher Maltman, baryton (Cascart)
Tobias Greenhalgh, baryton (Bussy)
Paul Schweinester, ténor (Courtois)
Johannes Bamberger, ténor (Augusto)
Arnold Schoenberg Chor
Erwin Ortner, direction
ORF Radio-Symphonieorchester Wien
Stefan Soltesz, direction

Romance puis désillusion. En composant Zaza, dès l’écriture du livret d’après la pièce de Pierre-Samuel Berton et Charles Simon, Ruggero Leoncavallo entendait bien brosser un portrait de femme qui aurait pu rivaliser avec ceux de Puccini. Argument simple, et limpide pour la psychologie des personnages, Zaza, chanteuse à l’Alcazar de Saint-Etienne, est en amour avec le businessman Milio Dufresne qui doit s’absenter pour affaire à Paris. Cascart, un journaliste ami de Zaza lui apprend qu’il a vu Milio à Paris en galante compagnie, elle monte à la capitale, le découvre marié en restant discrète auprès de sa femme, pour mieux cueillir son amant à son retour de Saint-Etienne en lui faisant croire qu’elle a révélé leur relation à son épouse. Milio l’insulte, elle lui avoue alors n’avoir rien dit, et le quitte à jamais. Magnifique portrait de femme tissé avec art deux heures durant. Et si Zaza était le chef d’œuvre caché de Leoncavallo ? Orchestre opulent et sensuel, finement coloriste (cela Stefan Soltész le fait entendre avec art, ne couvrant jamais la scène), mélodies inventives, vocalité brillante, goût pour les éléments stylistiques de la nouvelle école italienne (déclamation avec pathos, on songe à Cilea, à Zandonai), leitmotiv (celui du baiser se colore en fonction des émotions), décidément la partition est fascinante, au point d’ailleurs que Toscanini la créera, réconcilié avec le compositeur après leur brouille au sujet de La Bohème. Christof Loy s’est visiblement passionné pour l’œuvre, qui offre à sa direction d’acteur une vaste palette, il expose l’évolution psychologique des personnages avec brio et profondeur, servi par le plateau tournant qui offre aux scènes des enchainements fluides, dans les décors froids et les costumes modernes d’une production impeccable filmée avec art (Tiziano Mancini). Distribution magnifique, même si la séduisante Zaza de Svetlana Aksenova n’a pas les charmes vocaux d’une Clara Petrella, mais le Milio séducteur et veule de Nikolaï Schukoff, le Cascart plein d’esprit de Christopher Maltman (son tempo di gavotta en duo avec Zaza !), toute la compagnie qui aligne de vrais caractères (le Bussy de Tobias Greenhalgh !) font un spectacle éloquent qui rend justice à ce troublant bijoux. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

With Ruggero Leoncavallo’s rarity Zazá, the Theater an der Wien scored a coup with the grandiose house debutante Svetlana Aksenova in the title role. Christof Loy delivers a striking staging of the Verismo drama and conductor Stefan Soltez spiritedly leads the ORF Radio-Symphonieorchester Wien through the highly acclaimed evening. “It would take a whole newspaper page to praise all the performers appropriately”, praises Der Standard. Of particular note is Svetlana Aksenova as Zazá who “suffers the whole spectrum from intimate affection to raging jealousy and mute despair”, Nikolai Schukoff (Milio) “shows himself as a daredevil and a depressed mourner”, Christopher Maltman as Cascart “leads energetically and touchingly his already lost fight for his beloved.” An evening worth seeing and hearing!