Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Le lac des Cygnes, ballet en 3 actes
Casse-Noisette, ballet en 2 actes

Ludwig Minkus (1826-1917)
Don Quichotte, ballet en 3 actes, 8 tableaux et un prologue

Olga Esina
Vladimir Shishov
Eno Peci
Dagmar Kronberger
Ballet national de Vienne
Manuel Legris, direction
Orchestre national de Vienne
Alexander Ingram, direction
Rudolf Nureyev, chorégraphie
(Le Lac des Cygnes)

Liudmila Konovaova
Vladimir Shishov
Ballet national de Vienne
Manuel Legris, direction
Orchestre national de Vienne
Paul Connelly, direction
Rudolf Nureyev, chorégraphie
(Casse-Noisette)

Maria Yakovleva
Denys Cherevychko
Ballet national de Vienne
Manuel Legris, direction
Orchestre national de Vienne
Kevin Rhodes, direction
Rudolf Nureyev, chorégraphie
(Don Quichotte)

Manuel Legris, prenant la tête du Ballet de l’Opéra de Vienne n’eut de cesse que d’y importer ou d’y faire revenir les chorégraphies par lesquelles Rudolf Noureev revisita trois grands ballets du répertoire. Le Don Quichotte de Minkus, gloire de l’art de Marius Petipa, fit celle de Noureev en tant que danseur autant qu’en temps que chorégraphe lorsqu’il en proposa une éclairante relecture en 1966 pour l’Opéra de Vienne. Manuel Legris l’aura découverte en 1981 lorsque Garnier la monta, Noureev lui confiant le rôle de Basile ; en la faisant revenir à Vienne il retranscrit fidèlement la pensée de Noureev, déliant encore plus son style grâce à une troupe admirable que domine la Kitri de Maria Yakovleva. Les deux ballets de Tchaïkovski sont prodigieux à des titres différents : Noureev imprime à Casse-noisette dans sa relecture du travail d’Ivanov le ton sombre du conte d’Hoffmann, tirant l’œuvre vers une pantomime inquiétante. C’est le dernier des trois ballets de Tchaïkovski qu’il aura monté, on le sent bien plus libre dans l’interprétation, Manuel Legris s’engage dans cette brèche et obtient de sa compagnie un vrai ballet de théâtre dont on suit la dramaturgie littéralement minute après minute : admirable la Clara de Liudmila Komovalova, expressif en diable Vladimir Shishov dans le double emploi de Drosselmeyer et du Prince. Pourtant, c’est la fable désespérée du Lac des Cygnes qui l’emporte dans cette trilogie subtilement revisitée par Manuel Legris. On sait que la création du travail de Noureev création des dissensions entre le chorégraphe et sa partenaire Margot Fonteyn : Noureev s’était attribué plus de choses à danser que Tchaïkovski ne l’avait autorisé, donnant à Siegfried la primauté sur Odette. Manuel Legris assume ce rééquilibrage emporté par une paire parfaite, l’Odette/Odile d’Olga Esina et le Siegfried délié et virtuose de Vladimir Shishov dans les décors magiques et froids de Luisa Spinatelli, ajout poétique à la reprise d’un classique subtilement revisité. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)