Rogier Michael (Mons, 1552-Dresde, 1619) peut être considéré comme un des derniers représentants de l'école dite "franco-flamande". Il reçut sa formation musicale à la chapelle impériale de Vienne, puis à Graz, auprès d'Annibale Padovano ; il la parfit en Italie, notamment à Venise, auprès d’Andrea Gabrieli. Son style est assez conservateur, souvent massif, mais les éléments flamands y sont contrebalancés par son expérience de la musique italienne. A son retour d'Italie, il devint maître de chapelle de Saxe, à Dresde. En raison de soucis de santé, vers la fin de sa vie, il eut des assistants dont on se souvient davantage : Michael Praetorius et Heinrich Schütz. Il laisse surtout deux histoires sacrées, l'une relatant l'Annonciation, l'autre la Nativité. Cette "Weihnachtgeshichte" représente une étape intermédiaire entre les œuvres du début du XVIe siècle et le baroque. Le langage est celui de la Renaissance, avec son contrepoint, (de 2 à 6 voix), mais son architecture et sa façon d'organiser le discours en ensembles divers aux couleurs éloquentes sont déjà bien baroques, avec un sens marqué de la caractérisation des personnages. Cette "Histoire de la Nativité", que nous révèle cet album, eut tant de succès qu'elle fut jouée à Dresde jusqu 'en 1664, où elle fut remplacée par la "Weihnachthistorie" de Schütz. En l'entremêlant aux œuvres d'autres compositeurs proches de Rogier Michael, dont Praetorius et Schütz, et d'autres oubliés, l'Ensemble Polyharmonique d'Alexander Schneider nous livre une agréable cantate de Noël telle qu'elle aurait pu être jouée à Dresde en 1624, année dont ils entendent reconstituer l'atmosphère musicale. (Marc Galand) Only few connoisseurs can say without hesitation who preceded Heinrich Schütz as Dresden’s Court Conductor. The man's name was Rogier Michael who came from North Brabant and accordingly was the last exponent of the Dutch school that was sought after throughout Europe. In the meantime, Italy was setting the tone and older composers had to rethink their ways. Michaels succeeded in doing so. Among other things, his catalogue of works, which is not exactly huge, includes an innovative Weihnachtshistorie (1602), which was performed at the Dresden court for 50 (!) years – an all the more astonishing occurrence, as this music is by no means ostentatious. Combining the devotional purity with appropriate contemporary vocal and instrumental movements, a clear simplicity emerges. And so the Christmas Vespers of 1624, which Alexander Schneider presents on this recording, still fulfils its original purpose today.
|