Rodion Chédrine (1932-)
The sealed angel, liturgie russe pour chœur, solistes, deux voix de garçons et flûte

Inese Romancane, soprano
Zane Zilberte, mezzo-soprano
Jurgis Liepnieks, ténor
Patriks Stepe, soprano (garçon)
Matiss Circenis, alto (garçon)
Dita Krenberga, flûte
State Choir Latvija
Maris Sirmais, direction

D'après la notice de ce disque l'art de Rodion Chédrine serait la conjonction de Glinka, Borodine et Moussorgski (pour le nationalisme) Tchaikovski et Glazounov (la tradition symphonique) Rimsky (l'orientalisme) Khatchaturian (l'exotisme) enfin Rachmaninov et Stravinski (le cosmopolitisme) sans oublier les géants du 20ème siècle : Prokofiev Chostakovitch et … Weinberg ! Beaucoup pour un seul homme... Chédrine (fils de compositeur et petit fils d'un prêtre orthodoxe) illustre bien cette tradition russe, baignée surtout dans son cas, de liturgique orthodoxe. The Sealed Angel, oratorio tiré d'une œuvre de Nikolai Leskov, relate le conflit opposant croyants et réformateurs sur le destin des icônes, dont une des plus rares : The sealed Angel, promise à la destruction puis finalement sauvée par les paysans. Cette nouvelle version (on en compte déjà quatre dont la référence Vladimir Minin (Melodya), fut enregistrée en concert en 2009 par les effectifs de Latvija (deuxième ville de Lettonie après Riga) dirigés par le chef letton Märis Sirmais. Neuf sections qui alternent parties chorales et solistes. On ne peut s'empêcher de penser aux vêpres de Rachmaninov voire celles de Tchaikovski tant la « modernité » de cette musique, hantée par la plus profonde tradition, est illusoire parce que marginale à l'histoire. La liturgie vit d'autant, porté par un chœur introverti, impétueux lorsqu'il le faut, et des chanteurs concernés. Notons l'apport d'une petite flûte en bois (svirel), instrument traditionnel, souvenir d'enfance de Chédrin, et la voix de deux petits chanteurs (entre repentir et salut) qui instillent dans cette œuvre radieuse un climat pastoral. (Jérôme Angouillant)