René de Boisdeffre Sextuors pour piano Kacprzak Urbanowicz Garnecki Kacprzyk Mikolon

Avec plus de seize CDs consacrés à son œuvre de musique de chambre, le label polonais Acte Préalable contribue à la connaissance de l’œuvre du compositeur lorrain René de Boisdeffre (1838-1906). Le présent disque contient l’enregistrement récent (5-7 juillet 2021) de ses deux Sextuors pour piano, Deux violons, alto, violoncelle et contrebasse op. 43 de 1890, et op. 81 de 1904. Un instrumentarium rare qui peine à trouver sa place parmi les formes plus communes du trio, du quintette, voire du septuor, surtout lorsqu’est dévolu au piano un rôle quasi concertant parmi les cordes. Les artistes polonais réunis pour l’occasion autour de l’excellente Anna Mikolon interprètent magnifiquement ces deux œuvres avec un engagement et une sincérité qui valorisent leur contenu tout en minimisant leurs inévitables faiblesses car l’écriture de Boisdeffre manque parfois d’une personnalité unifiée, d’un style caractérisé. On y perçoit l’influence lointaine de Beethoven pour le sens de la forme, mais également — aussi contrastées soient-elles — celle de Lalo, de Franck, et même de Gounod pour le charme mélodique…. Après un allegro deciso initial bien scandé et un scherzo pétillant et gracieux, le premier Sextuor présente même en son troisième mouvement un ton assez proche du Trio op. 19 de Widor avant un allegro con brio final magistralement enlevé. Le second Sextuor (1904) s’ouvre sur un allegro energico quelque peu emphatique mais qui laisse vite affleurer de subtiles et tendres harmonies tandis que l’andante espressivo qui suit développe une atmosphère onirique rapidement éclairée par un scherzo vif et léger aux allures de danse, suivi d’un allegro sostenuto franckiste à s’y méprendre. Une très belle et plaisante découverte. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

René de Boisdeffre is a neglected composer from the second half of the 19th century, even if during his lifetime he enjoyed considerable success. The composer studied music regularly but not at a school. After learning the fundamentals of music in a family setting, René became the student of Charles Wagner. Succeeded by Wagner was Auguste Barbereau, who was restrained by his conservative stance but an excellent musical theorist. After a meeting with Saint-Saëns in 1862, Boisdeffre abandoned his second teacher and began an independent career. Even if his music owes much to a familiarity and understanding of the classics, it would be inaccurate and hasty to call his music conservative, with all the negative connotations the term inevitably brings with it. Such facile and hasty judgements are disputable; unjustified because in reality Boisdeffre, is a mature, coherent product of his milieu. Boisdeffre chose a path that passes not from experimentalism, but from expressive clarity. His melodic vein, never banal, is characterized by a great transparency, and declares an undeniable inclination to communicative clarity. It is a music made of cleanliness and order, but not for this ‘easy’: the expressive substance is always urgent and present but distilled in formal paths, clear, reassured. The economy of the adopted means therefore seems to be an elective choice, not the indication of a lack of resources, and allows the composer to turn to his listener with grace, in a gathering, interlocutory, lovable dimension.