Max Reger (1873-1916)
Sonate pour violoncelle et piano n° 1 en fa mineur, op. 5
Sonate pour violoncelle et piano n° 2 en sol mineur, op. 28
Sonate pour violoncelle et piano n° 3 en fa majeur, op. 78
Sonate pour violoncelle et piano n° 4 en la mineur, op. 116
3 Suites pour violoncelle seul, op. 131c

Alban Gerhardt, violoncelle
Markus Becker, piano

Fascinant. En regroupant les Suites et les Sonates pour violoncelle dont la composition parcourt tout l’orbe créatif de Max Reger, Alban Gerhardt expose les deux tentations qui écartelèrent l’œuvre de l’auteur de la Suite Böcklin. Les trois Suites, austères, ouvragées, sont clairement des hommages aux Suites de Bach, et parfois jusqu’au quasi décalque, Alban Gerhardt soulignant explicitement les parentés au long des deux premières, mais donnant à la Troisième un élan romantique, y laissant percevoir dans le remarquable Andante con variazioni conclusif combien Reger pensait alors autrement l’écriture pour la grande caisse. Les Sonates, avec leur romantisme échevelé, leur divagations ténébreuses, leur lyrique parfois expressionniste, avaient entre temps changé la donne. Il fallait prolonger la veine de Brahms, ce que les deux Premières réussissent avec art, Alban Gerhardt fait entendre cela, mais le chef d’œuvre de la série, la Troisième Sonate en fa majeur, rompt les amarres : quatre mouvements d’une liberté poétique qui peut aller jusqu’au bizarre (le Vivacissimo), Reger imposant son propre univers en donnant au piano une dimension orchestrale : Markus Becker qui aura gravé l’intégrale de l’œuvre pianistique s’en empare. Tout aussi saisissante la 4e Sonate expose tout de même les limites du violoncelle joué par Alban Gerhard, sonorité parfois trop modeste pour l’ogre Reger. Mais c’est là broutille. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)