 La belle idée, marier le moderne et l’ancien au point de perdre les repères esthétiques et temporels de l’auditeur. Au Quatuor de Ravel on associe d’office celui de Debussy. Peu auront brisé la paire, mais les Mandelring, impertinents comme on les sait, sont allés plus loin. Face à l’opus où Ravel se sépare à la fois de Claude Debussy et d’Ernest Chausson, son unique Quatuor de 1903, il place le Quatuor en mi de Fernand de La Tombelle, cofondateur avec Vincent d’Indy de la Schola Cantorum, l’Apache contre l’Académie ! Bien vu, d’autant que la redécouverte du catalogue aussi discret que surprenant de Fernand de La Tombelle, dont on doit la résurrection au Palazzetto Bru Zane, est tout sauf académique. Ses thèmes larges, son harmonie opulente, s’ils regardent encore vers les modèles germaniques, font entendre dans la conduction polyphonique, l’imagination des phrasés, la souplesse de l’écriture (le scherzando) une tonalité toute française, et dépassent par l’inspiration, les audaces tranquilles, ce qui s’écrivait communément en 1896, rejoignant par la bande le Quatuor de Debussy auquel il aurait été plus naturellement apparié, du moins en surface. C’est là le coup de génie des Mandelring : faire entendre l’élément commun, quitte à romantiser un poil l’opus de Ravel, aux deux quatuors : le raffinement absolu de l’écriture, la pleine maitrise des instruments, de leurs timbres, de leurs vélocités, l’élégance de l’ancien monde que de La Tombelle semble vouloir retenir, comme celle du nouveau monde pensé par Ravel, tout cela joué en perfection, quel doublé inattendu et imparable ! (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Although Maurice Ravel, in his string quartet, explicitly refers to the quartet written ten years earlier by his colleague, Claude Debussy, he opts to follows his own, new path and arrives at a distinctive Ravelian tone: colourful, refined and saturated with that flair of the artificial which also characterises his beloved porcelain and glass artworks, ornamental shrubs and bonsai trees. At the same time, the quartet is meticulously constructed and so rich in ingenious details that it offers room for discovery even after repeated listening. A great unknown and certainly one of the most fascinating protagonists of French musical life in the late nineteenth and early twentieth centuries is Fernand de La Tombelle: pianist, organist, writer, astronomer, visual artist, author of a guide on a traditional recipe involving foie gras and truffles, passionate cyclist – and prolific composer: his oeuvre comprises more than 500 works, including a large number of chamber music works. His string quartet written in 1895 is rooted in the Viennese classical tradition and yet is unmistakably French: highly expressive, harmonically colourful and extremely elegant at the same time – a work that makes one want to discover more by La Tombelle!

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