 Musique de feutre gris pour auditeurs en pantalon de velours. Ces quintettes sans piano (sans clarinette non plus, mais à deux violons comme ceux de Mozart) n'ont pas la séduction franche, par exemple des quatuors avec piano. On en admire la parfaite maîtrise des cordes dans la dernière manière brahmsienne, et cette trame sonore de toujours bien fournie, mais qui semble coaguler toujours davantage (comme le dernier Fauré, lui pour cause de rétrécissement auditif) dans le medium ténorisant des altos (par opposition aux graves du modèle schubertien). En tout cas, ces oeuvres se veulent d'une inspiration printanière et s'inscrivent dans un profond sentiment de la nature. Jugé merveilleux par Clara (Schumann), le premier quintette a été commencé en 1882 dans la belle résidence autrichienne de Bad Ischl. Il associe quand même à un chant heureux quelque sombre mélancolie, comme dans ce mouvement ''grave'' qui reprend une sarabande composée presque trente ans plus tôt sur un poème tragique. Et la fugue finale n'est pas sans rappeler le contrepoint beethovénien des Razumovsky (celui en do majeur). Période heureuse aussi (voyage en Italie compris) pour l'autre quintette (1890), d'un Brahms de 57 ans qui pensait pourtant composer là sa dernière oeuvre (il mourra sept ans plus tard). Après grand vent des cordes, le violoncelle nous emporte dans une ambiance ensoleillée, sur des motifs qui devaient être ceux d'une cinquième symphonie. Adoré par l'ami Joachim, le mouvement suivant voit le premier alto énoncer un thème que suivent des variations libres. Après un troisième mouvement rêveur, le finale revient sur terre, avec écho de valse triste (mieux, de Csardas) au parfum austro-hongrois. Mon tout idéalement rendu par un quatuor Mandelring qui, de Mendelssohn à Chostakovich, de Schubert à Janacek en passant par Onslow, ne nous aura décidément jamais déçu. (Gilles-Daniel Percet)  Following on their successful release of Mendelssohn’s complete string quartets, the Mandelring Quartet is now turning to Brahms in a recording of all the composer’s string quintets and sextets. With its new roster (featuring Andreas Willwohl, viola), the ensemble joins with Roland Glassl, the quartet’s long-time violist, in a recording of the two string quintets for audite. Brahms’s string quintets resemble self portraits. In them he presents, in concentrated form, the contrasts that characterize his musical thinking: drawing from musical history and his own creative output, he achieved a vision of something that is both new and eternally valid. He made use of the larger instrumentation to suggest expansiveness, at the same time casting the work in a terse and concise expressive form. The musicians’ rich and varied experience, gained from many concerts and recordings of repertoire ranging up to the present day, greatly enriches this production. Brahms’s quintets, masterworks of his late style, demand a precise and sensitive approach to their conjunction of contrasts: combining cheerfulness and melancholy, expansive ideas and compressed form, reminiscences of the past (including his own early works) and the desire to express a new and valid musical message – all this needs to be both perfectly balanced and clearly articulated. The Mandelring Quartet with Roland Glassl has pulled off such a “knowing” interpretation, masterfully balancing the works’ inner tensions.

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