C’est en 1741, alors qu’il a disparu mystérieusement de la scène musicale depuis cinq ans que Jean-Philippe Rameau (1683-1764) édite ses cinq « pièces de clavecin en concerts, avec un violon ou une flute, et une viole ou un deuxie’me violon » (Sic), rares compositions pour la musique de chambre du plus créatif des musiciens de la seconde période du baroque. Miniatures musicales, charmants bijoux indiscrets, Rameau dresse le portrait de quelques fidèles et amis dont la Poplinière, son protecteur et mécène alors fermier général du Roy Louis XV – on dirait ministre du budget aujourd’hui ! – le grand violiste Forqueray ou la célèbre danseuse Cupis de Camargo qui dansa à la création du premier opéra de Rameau « Hippolyte et Aricie » en 1733. Comme souvent dans son œuvre, le compositeur fait circuler ses thèmes d’opéras passés tel Dardanus ou à venir Zoroastre, Les Fêtes de Polymnie et laisse l’effectif à l’inspiration des exécutants. Ici l’Accademia Strumentale Italiana choisi la version clavecin, traverso, violon et gambe qui apporte une touche italianisante rococo à une musique très française du plus beau style rocaille. Le génie « ramoneur », comme le caricaturait le faux-ami Diderot, « Ut ré mi fa sol la si ututut » développe toujours ce regard de tendresse et d’inventivité harmonique dans quelques rondeaux, tambourins et airs dansés d’une brillante énergie où le clavecin quitte ses attributs de continuo pour devenir totalement concertant, dialoguer en quatuor et dessiner un nouvel horizon pour la musique de chambre. Mozart saura s’en souvenir dans ces quatuors avec piano quatre décennies plus tard ! On regrettera amèrement une prise de son qui met logiquement en avant le clavecin mais encore le traverso soyeux à l’envi, laissant le fin violon et la caressante viole une lieue plus loin, noyés dans la réverbération, créant un déséquilibre qui réduit l’harmonie à des principe si peu naturels… Quelle frustration ! (Florestan de Marucaverde) Fifteen years after his Nouvelles Suites de Pièces de Clavecin, Rameau once again turns his attention to an instrumental work, for what will be the last time, inspired by the new potential for chamber music glimpsed in the use of the concertante keyboard. The 1741 collection is the only new work he produced between 1740 and 1744, before returning to the musical theatre – to which he will dedicate the rest of his lifeThe most attractive aspect of the Pièces de Clavecin en Concerts, and the one which provides the most authentic reading of the work, is the multiplicity of possible combinations in performance between the instruments indicated in the score (harpsichord, violin/flute, viola da gamba/2nd violin ), following the detailed instructions that Rameau provides for each of them in the various Avis in the preface of the printed edition. The author’s intention was undoubtedly for the harpsichord and its virtuosic protagonism to be the backbone of the Pièces; however, the possibilities of alternative timbric arrangements are specifically contemplated by Rameau for this work. What was a widespread ad libitum performance practice, today becomes an extremely inviting challenge for modern performers in terms of tonal reinvention of the pieces. Thus, with each new reading the music may be reinvented, making in turn every new listening experience a rediscovery and a revelation.
|