 Pietro Yon fit ses études musicales à Milan et à Turin, puis à Rome, où il se consacra à l'orgue. En 1907 il rejoignit son frère, organiste outre Atlantique. Il devint maître de chapelle à St. François Xavier de New York, puis titulaire à la cathédrale St. Patrick (1926-1943). Devenu entre-temps américain, il inventa les concerts d'orgue payants, y obtenant un succès considérable. Son œuvre d'orgue s'inscrit dans la tradition symphonique du XIXe, dont il amplifia les traits au contact des gigantesques machines américaines : recherche du solennel, du spectaculaire, mais aussi des effets descriptifs et expressifs servis par des registrations « séraphiques » et melliflues au service d'une sensibilité proche du « saint-sulpicisme » français. À côté de fresques virtuoses où le style « pompier » s'invite volontiers, où des rythmes de marche alternent avec des airs à flonflons et des pots-pourris de morceaux italiens et américains patriotiques (Hymn of Glory, Rapsodia Italiana, American Rapsody, Marche Pastorale…) on trouve des pièces intimistes (divertimenti), liées à l'évocation nostalgique de l'Italie et/ou renvoyant aux instruments de musique que la registration est alors chargée d'évoquer (Cornemuse sicilienne, Christmas in Sicily, Harpe nocturne — rendue par un jeu de cloches —Humoresque évoquant facétieusement la flûte…) Enfin, des pièces proprement liturgiques dont la suite d'Avvento, basée sur des motifs grégoriens, assez sobre sauf dans son dernier mouvement qui n'est pas loin du bal musette… Ces différentes « catégories » ne sont pas exclusives les unes des autres et s'interpénètrent. Les orgues italiens utilisés ici se prêtent parfaitement à ce répertoire interprété avec un enjouement certain et une technique irréprochable par l'organiste. Cette musique, qui ne mérite pas, à mon sens, une intégrale, pique à tout le moins la curiosité. (Bertrand Abraham)  This first complete edition of organ music by Pietro Alessandro Yon represents an important piece in the mosaic of the Italian organ production of the Cecilian generation where Marco Enrico Bossi, Giovanni Tebaldini, Oreste Ravanello, were the main exponents. Pietro Yon, friend of Bossi, was like a career concert artist and acclaimed by the crowds for the virtuosity and singability of his performances; he made his fortune in America, where he developed his musical talent like his great business skills, never forgetting Italy, that always remained in his heart. The young Bolognese organist Elisa Teglia performs this repertoire on four historical instruments alternating pieces of rare expressiveness with others based on spectacular technicalities, often including popular themes, national anthems and famous melodies, that Yon concertista used for bewitching the crowds at his extraordinary performances.
|