 On doit au label CPO la découverte de la compositrice croate Dora Pejacevic. Née à Budapest en 1885, fille d'aristocrates, Dora cultiva très jeune l'amour de la musique. Autodidacte dans ce domaine, elle consacre à la composition grâce à quelques professeurs attitrés (à Dresde et à Munich) de nombreux voyages qui la mènent vers les viviers culturels de l'époque : Vienne, Prague, Munich, où elle fréquente notamment R.M. Rilke et Karl Kraus. Immergée dans les courants artistiques picturaux : la Sécession Viennoise et le Jugenstil (L'Art Nouveau), elle en traduit les caractéristiques dans une musique d'une sensibilité originale dont le style empreinte à Wagner mais s'inscrit aussi dans une mouvance néo-romantique tardive entâchée d'éléments expressionnistes. Dora Pejacevic est l'auteur d'une cinquantaine d'œuvres : lieder, musique de chambre, une symphonie et un concerto pour piano. C'est ce dernier, complété d'une ouverture et de trois lieder avec orchestre qui figurent au programme de ce disque. Musique qui reflète une obsession pour la couleur, explorée dans d'infimes nuances par la voix et les instruments (Les trois lieder - signés Karl Kraus, Rilke et Henckel - sont orchestrés avec recherche), et les contrastes rythmiques les plus surprenants (L'Ouverture pour grand orchestre). On y retrouve les voluptés de l'art pictural d'un Gustav Klimt ou les ruptures chromatiques d'un Kokoschka. Si l'on atteint un véritable frémissement dans ses œuvres les plus puissantes (voir les deux volumes de musique de chambre publiés par CPO), l'écriture vire quelque peu au décoratif (très Jugenstil) dans le concerto pour piano (composé il est vrai à 28 ans). L'Allegro développe une carrure de forme sonate, l'Adagio laisse le soliste tricoter arpèges et traits virtuoses dans un espace vide et sans développement. Le final con fuoco est vif et coruscant. Tout cela est fort bien interprété par le clavier solide d'Oliver triend, l'alto limpide d'Ingeborg Danz et la direction ferme d'Howard Griffiths. Une vraie découverte musicale que le mélomane thésaurisera avec les quatre autres disques CPO (dont la symphonie op. 41) dans un coin de sa discothèque au rayon compositrice. (Jérôme Angouillant)  And once again it is time to continue our Pejacevic edition, now with her piano concerto and orchestral songs. After her initial experience with vocal lyrics and instrumental miniatures, it was not until after 1908 that Dora Pejacevic took up the individual genres of chamber music and then gradually ventured on to the classical forms of instrumental music. On this path she was primarily an autodidact. She composed her first orchestral work, the Piano Concerto op. 33, at the age of twenty-eight, and it adheres to the tradition of the classical and romantic virtuoso solo concerto with the usual three-movement structure. The finely crafted instrumentation produces highly effective contrasts in the concentration of texture and color. We recognize the composer’s feeling for inner dramaturgy in her flair for the distribution of intensifications and high points. Four of Dora Pejacevic’s thirty songs for voice and orchestra are presented here in the version for voice and orchestra. With them the composer also made a valuable contribution to Croatian music of the modern period in the genre of the orchestral song and did so with the expressive worlds that were uniquely her own. To round off this CD: her last orchestral work, the Overture in D minor, with its dramatic tension deriving from its rhythmically striking, syncopated main theme.

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