 Moi, mon cher cousin mélomanoïde, j'ai dit bizarroïde ? Car voilà un bien étrange musical "project", selon le mot terriblement tendance, catégorie djeune post-moderne branché. Certes, l'unité se fait autour d'une interprétation quatuor avec piano. Mais ainsi, la copie conforme du premier chef d'œuvre du genre (sur deux) par Fauré côtoie, dans un hétéroclisme se voulant sûrement très fashion, une transcription inattendue de Ma mère l'Oye de Ravel, avant une compile de chansons reliant, notamment, Claude le Jeune ou Marc-Antoine Charpentier à... Jacques Brel. Terriblement mais increvable has-been, on va d'abord et surtout au Fauré, que l'on trouve parfois d'une diction approximative autant qu'expédiée (l'allegro pourtant marqué molto moderato), sans grand travail des nuances ni de la sonorité collective, à la limite savonné en passant, avec un scherzo totalement dénué de cette légèreté qui conviendrait de froufrou poudroyant de papillons, et un adagio dont le lyrisme lourd semble effectivement avoir été conçu sous le tunnel du Saint-Plomb (rappelons que, par dérision, Fauré aurait évoqué le Simplon comme lieu de composition de son sixième nocturne pour piano!). On y entre avec crainte, on en sort effectivement avec soulagement. Pour le reste, alors bon, sans nous endormir au bois mais sans atteindre non plus au féérique, cette transcription ravélienne de compromis (entre pianos et orchestre) n'est pas franchement laideronnette. Quant au "project chanson", ô surprise, on tombe dans du contemporain chambriste subtil, finalement le plus intéressant de cet enregistrement d'un éclectisme fleurant le bric et le broc. (Gilles-Daniel Percet)

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