Luigi Nono (1924-1990)
No hay caminos, hay que caminar… Andreï Tarkowski (1987), pour sept groups orchestraux
Hay que caminar sognando (1989), pour deux violons
Caminantes… Ayacucho (1986-87), pour mezzo-soprano, flûte, petit et grand chœur, orgue, trois groupes orchestraux et électroniques en direct

Irvine Arditti, violon
Roberto Fabbriciani, flûte
Graeme Jennings, violon
Susanne Otto, mezzo-soprano
Experimentalstudio für akustische Kunst e.V.
Solistenchor Freiburg
WDR Rundfunkchor Köln
WDR Sinfonieorchester Köln
Emilio Pomarico, direction

Voici un album qui nous propose la trilogie de Luigi Nono autour du « cheminement » composée dans les années 1980 et inspirée par une inscription murale que le compositeur italien a découverte dans un cloître à Tolède (Espagne) : « Caminante, no hay caminos. Hay que caminar » (« Voyageur, il n’y a pas de chemin, il n’y a que cheminement »). La pièce médiane, No hay caminos, est un hommage au réalisateur russe Andrej Tarkovski, qui en 1983, au travers de son film Nostalghia, s’était déjà engagé – alors la démarche de Nono dans ce cycle – dans la recherche « de quelque chose qui n’existe peut-être pas ». On sent dans la musique de Nono, écrite pour sept groupes orchestraux, dans le souvenir de la polychoralité vénitienne, cette notion de quête, d’interrogations perpétuelle, et cette idée d’un ailleurs qui nous ramène pourtant inéluctablement à la réalité, comme pourraient le suggérer la permanence de coups abrupts et fortissimo, typiques du style tardif de Nono. Une pièce étrange, insaisissable. Les deux autres ne le restent pas moins. « Hay que caminar » sognando (1989), pour deux violons expose une sorte de monologue subtilement élaboré, aux contours assez chatoyants mais raréfiés, en réalité un monologue à deux voix étendu à tout l’espace – sur scène, huit pupitres sont dispersés sur scène pour interpréter l’œuvre –, tandis que Caminantes … Ayacucho (1986-87), la plus longue de toutes, et sans doute la plus complexe, offre une multitude d’expériences sonores, à la Varèse. (Pierre-Yves Lascar)