 Ce disque pourrait — idéalement — être comparé aux productions de Jordi Savall, à travers lesquelles des œuvres musicales sont mises en perspective et en dialogue avec l'ensemble du contexte historique, civilisationnel, qui les a vu naître. Les œuvres vocales présentées sont liées à une période précise de l'histoire européenne, celle de la guerre de 100 ans, et, au-delà, à la musicologie, à la théologie, à l'histoire des mentalités ainsi qu'à celles d’autres arts (cf. le rapport avec la sculpture médiévale clairement assumé par le livret orné de nombreuses reproductions). La notice prodigieusement documentée est un passionnant kaléidoscope qui éclaire et articule tous ces aspects mais une traduction aurait été indispensable, d'autant que la guerre de 100 ans est liée à l'histoire de France (la bataille d'Agincourt donne son nom à un "carol" d'inspiration profane). Les œuvres sont en partie des motets sur des textes latins, religieux ou profanes — exaltant dans ce dernier cas l'Angleterre, ses grandes figures, ses rois, ses saints protecteurs. Musique savante, rhétorique, même quand elle repose sur des formules simples. Les textes sont quelquefois très "codés". Les pièces sont parfois austères dans leur ductilité même, dans leurs mélismes et la multiplicité des lignes et des textes différents que la polyphonie superpose et déploie. C'est magnifiquement chanté, splendide, parfois rugueux, parfois extatique et entêtant, d'un calme aux résonances extraordinaires (cf. la messe de Dunstaple par exemple). De cette musique qui incite à la contemplation, même quand elle demande au Christ de défendre les Anglais contre l’ennemi, se dégage une grande poésie. Seul regret : l’absence de traduction française du livret. (Bertrand Abraham)  Music of predominantly royal association spanning the reign of Henry V, the Battle of Agincourt and its aftermath, and the coronations in England and France of the boy king Henry VI. The Binchois Consort under Andrew Kirkman bring this music vividly to life, while the copiously illustrated booklet is a pleasure in itself.
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