 122 ans séparent les pièces "anglo-saxonnes" réunies dans ce double album. Ouvrir ce dernier avec "Three Places in New England" de Ives est une gageure. La partition - malgré l’élan festif de la marche militaire du deuxième mouvement - est une œuvre délicate à écouter. Pour autant, la complexité de l’écriture et le jeu des timbres sont fort bien agencés par un orchestre qui possède un sens remarquable de l’équilibre sonore. Les deux œuvres d’Ethel Smyth (Suite et Sérénade pour cordes) se situent dans un tout autre univers. Femme de fortes convictions, Smyth témoigne des influences de son époque (Brahms et Wagner pour l’essentiel) dans son Quintette qui fut arrangé en suite pour cordes et que nous entendons dans son premier enregistrement mondial. Joshua Weilerstein accentue les contrastes rythmiques qui tirent la partition vers le souvenir d’un Dvorak, par exemple. Le livret souligne, à juste titre, l’élégance et la grâce de cette musique dont les rythmes ne sont jamais abrupts, mais chargés de couleurs pointillistes. La Sérénade est un bel exemple de "petite" symphonie qui se souvient des sérénades de Brahms. Tout aussi délicieusement romantiques sont les deux pages du jeune Elgar (Chanson de matin et Chanson de nuit). Le compositeur afro-américain William Grant Still fut aussi hautboïste et chef d’orchestre. Dans les années vingt, il étudia auprès de George Chadwick puis Edgar Varèse. Cet artiste lutta toute sa vie contre la ségrégation raciale et participa au mouvement "Harlem Renaissance". Au cours des années trente, il travaille pour Hollywood, participant aux orchestrations de plusieurs grandes productions cinématographiques. William Grand Still fut le premier compositeur noir de musique classique dont un orchestre nord-américain - l’Eastman-Rochester Orchestra dirigé par Howard Hanson – interpréta les œuvres. Par la suite, les orchestres philharmoniques de New York, de Philadelphie jouèrent ses partitions. En 1943, il composa une suite pour violon et piano, "Mother and Child". Elle contient un mouvement qui sera arrangé ultérieur pour orchestre à cordes. Cette page lyrique, véritable sérénade romantique est construite sur le doux balancement du blues. De grandes phrases mélancoliques, quelques solos composent une complainte qui n’est pas sans rappeler le style d’un George Gershwin. Pour sa pièce "Entracte", la compositrice Caroline Shaw s’est inspirée d’un extrait d’un quatuor à cordes de Haydn : harmonies fuyantes, déformations de timbres, contrastes étranges… l’œuvre séduit par la souplesse de l’interprétation. (Jean Dandrésy)  It is one of my special passions to combine works of composers who are quite well-known with those who are less familiar to the general audience. It is an honor and privilege to be releasing the first commercial recording of Ethel Smyth’s String Quintet as arranged for string orchestra by the composer, only the second recording of her Serenade, and the first commercial recording of William Grant Still’s Mother and Child for string orchestra. I hope that this exploration of the unfamiliar and the familiar together will prove as rewarding to you as it was to myself and to the musicians of the Lausanne Chamber Orchestra, who were faithful and enthusiastic partners throughout the recording process. I would like to add special thanks and appreciation here to the late John Heiss, a professor at the New England Conservatory of Music, and one of my great inspirations in taking on the challenge of recording Three Places in New England, as well as my parents, who were playing Ives’ music for me even before I was born, instilling in me a lifelong love for this American Maverick. I would like to dedicate this recording to my wife Bernice, who always helps me explore the unexplored. (Joshua Weilerstein)

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