 Le lien entre musique d'orgue et opéra est patent dans l'Italie du XIXe siècle : beaucoup d'organistes dans les petites villes, comblaient leur manque de partitions de musique d'orgue en exécutant des extraits d'opéra à l'église. L'écriture des compositeurs de musique liturgique restait fortement influencée par le bel canto. Il n'existait pas de frontière entre musique religieuse et musique profane — bien avant le XIXe siècle d'ailleurs. L'opéra pénétrait dans les couches populaires sous forme d'extraits qu'on fredonnait dans la rue (le dire est devenu un cliché). Enfin, la facture d'orgue italienne, florissante au XIXe siècle, produisit des instruments aux possibilités de registration proches de l'esthétique que véhiculait l'art lyrique, à quelque courant qu'il appartienne. Ceci pourrait justifier ce programme de transcriptions d'extraits de Mascagni. Mais c'est aussi ce qui rend ce CD inutile. À quoi bon, quand existent des œuvres qui utilisent le matériau opéra dans des pièces écrites explicitement pour l'orgue ? S'agit-il de mettre en valeur l’imposant instrument turinois (plus de 70 jeux + timbale, tam-tam, et triangle… ?) On peut le faire avec un répertoire proprement organistique. En plus, c'est laid (la registration y est pour beaucoup) — la plage 1 évoque les jingles qui annoncent l'arrivée des avions dans certains aéroports, le début de la plage 4 est, dans le même genre, assez horrible. Tout est prétexte à effets assénés, agressifs, en dépit même de ce qu'exprime l'extrait d'opéra ainsi illustré. (Bertrand Abraham)  After the two beautiful CDs dedicated to the transcriptions of the most known works by Giuseppe Verdi, the organ player Roberto Cognazzo pays attention to the production by Pietro Mascagni, composer which posthumously fame continues to be based almost exclusively on Cavalleria Rusticana, considered with Pagliacci by Ruggero Leoncavallo the maximum manifesto of the musical Verismo flourished in Italy between XIX and XX centuries. The programme proposes the transcriptions of ten pieces, realized by the same Cognazzo: not only from Cavalleria (il Preludio con la Siciliana, la Preghiera and the unequalled Intermezzo), but also from L’amico Fritz, Guglielmo Ratcliff, Silvano, Iris and Le maschere, works that had great reputation and that deserve today to be rediscovered. As it already happened in the previous CDs, the performance is characterized by theatricality, that widens from singing sections with brilliant inspiration to passages of more dramatic tones and it can count on the Carlo Vegezzi Bossi’s rich sounding palette: the organ was built in 1884 and it is placed in San Massimo in Turin.

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