 Sa vie durant, Joseph Marx s’accrocha contre vents et marées à l’idéal post-romantique de la musique tonale. Comment lui en voudrais-je en découvrant son Trio-Phantasie de 1913, que j’ai tout de suite envie de qualifier de « Trio-Ballade » à l’imitation du qualificatif que Medtner appliquait aux œuvres coulées chez lui d’une veine bien particulière. Ecrite au bord du précipice de la première guerre mondiale, cette œuvre automnale n’en laisse rien paraître. C’est une promenade lyrique et subtile dans les paysages de cette Styrie de Basse-Autriche que le compositeur, né et mort à Graz, ne quitta vraiment jamais sinon pour quelques excursions italiennes. L’œuvre est d’une beauté certaine, absolument romantique mais moins « académique » qu’on pourrait le croire. Comme bien des compositeurs viennois de son temps, Marx surcharge l’harmonie, la pousse à ses limites. Romantique, mais romantique d’après Tristan. Cela est encore plus vrai dans les mélodies qu’avait révélées Angelica Kirchschlager dans un CD précédemment publié par le même éditeur et éclate dans le cycle des Vier Lieder nach Texten von Anton Wildgans que Simone Nolde grave en complément du Trio. Ensemble magique, où l’influence française transparait, et où la voix de soprano est accompagnée par un quatuor avec piano dont le second violon est remplacé par la flûte. Et je me dis, devant tant de sensualité, que décidément, Joseph Marx mérite la découverte au-delà de ses fameux Castelli Romani (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Bien que confronté à l’éclosion de la modernité dans son pays, ce compositeur autrichien originaire de Graz, essentiellement autodidacte, demeura ancré dans une écriture musicale post-romantique conservatrice. Animé par l’obsession de la défense de la tonalité, le maître-mot de J. Marx était : "évolution, pas révolution". Son rôle fut majeur dans la vie musicale viennoise dans la première moitié du XXème siècle où il occupa, entre autres fonctions, celle de professeur à la "Musikhochschule" de Vienne et fut un critique reconnu du "Neues Wiener Journal". Cependant, le compositeur J n’acquit qu’une notoriété modeste. Achevé en 1914, le trio-fantaisie enregistré ici demeure une œuvre majeure dans sa musique de chambre. La désignation de "fantaisie" indique que le compositeur souhaite enrichir la forme traditionnelle du trio. En quête des partitions oubliées, le Trio Hyperion donne tout son lustre à cette attachante partition. La production de musique vocale de Marx comporte plus de 150 lieder enracinés en droite ligne dans l’héritage de Hugo Wolf. D’une étroite collaboration entre Marx et le poète Anton Wildgans jaillit, en 1916, un recueil de 4 lieder avec piano et accompagnements instrumentaux variés (alto, violoncelle ou flûte). La soprano Simone Nold donne un nouveau souffle à ce cycle de lieder, dédié à la nature, dominé par le 4ème (scène mythologique) qu’évoque si subtilement la flûte solo de Christoph Renz. Ce beau disque complète l’édition discographique entreprise par CPO pour faire découvrir ce compositeur romantique "égaré" au XXème siècle. (Pierre Vassal) Impressionistic Twentieth-Century Romanticist Joseph Marx was once Austria’s most distinguished composer, and his fame and authority continued to be unbroken even in the 1950s. It was first after his death in 1964 that his public prestige began to decline and his works began to be forgotten. Nevertheless, the Austrian music history of the twentieth century would not imaginable without Joseph Marx: »One is tempted to say that, if there had not been a Joseph Marx, somebody would have had to invent him in order to give in music what, for example, a Klimt gave in art. Marx’s sound world doubtless represents one part of what Austria has to offer in its music. The sumptuous sound world of the art nouveau indeed does belong to what is Austrian, and Marx offers it in its most integral and most compelling form« (Robert Schollum). We are now releasing one of this musical magician’s principal chamber compositions: the Trio-Phantasie for piano trio from 1913, a work almost an hour in length. As a special treat we are also presenting his four songs for soprano and chamber ensemble based on (quite erotic!) poems by Anton Wildgans.
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